Moment fort de l’agenda de tout amateur de voitures, le week-end annuel du « Circuit des Remparts » a célébré sa 50ème édition, qui s’est déroulée du 16 au 18 septembre. Ancré dans le patrimoine historique d’Angoulême, ce superbe événement voit des voitures exceptionnelles couvrant 100 ans d’histoire automobile s’élancer sur les routes anciennes et sinueuses de cette jolie ville au sommet d’une colline.
Le Circuit des Remparts est un événement incontournable dans le calendrier des passionnés de voitures anciennes. La compétition a été imaginée en 1938 et son projet développé en 1938 et 1939 par l’Automobile Club des Deux-Sèvres, de la Charente et de la Vendée (ACDSCV) sous le nom de « Circuit des Remparts« . Disputée pour la première fois en 1939, cette épreuve de vitesse urbaine, auto et moto (parfois complétée par une épreuve de vélo), fut interrompue par la guerre 39-45. Elle reprit en 1947 et acquit une forte notoriété dès sa relance grâce à la présence sur la ligne de départ des meilleurs pilotes de l’époque (Fangio et Trintignant notamment).
Relancé en 1978, le Circuit des Remparts devient progressivement une manifestation automobile de classe internationale, réunissant des voitures historiques de toutes époques concourant soit sur le circuit, soit lors de concours d’élégance et de restauration, soit lors des nombreuses expositions dans la ville et par plusieurs rallyes touristiques de véhicules historiques dans la campagne charentaise. Depuis, elle a lieu chaque année, et a la particularité d’être la dernière course de ce type, seules Monaco et Pau offrant des courses de rue à grande vitesse dans les villes françaises.
L’année 2022 a vu la 50e édition du célèbre week-end du Circuit des Remparts à Angoulême. Il ne s’agit pas seulement d’une course historique, mais aussi d’une célébration avec des concours, une course panoramique de voitures classiques à travers la campagne charentaise, ainsi qu’une journée complète de courses de voitures anciennes et classiques autour du circuit historique d’Angoulême. Les organisateurs ont tout mis en œuvre pour transformer le centre-ville d’Angoulême en un circuit au tracé exigeant et inchangé depuis 1939, et cette 50e édition du Circuit des Remparts continue de raconter cette histoire, démontrant le génie humain et la performance mécanique sur près d’un siècle de conception technologique.
Angoulême est une citadelle verticale couronnée comme un diadème par sa cathédrale romane, et corsetée de remparts reliés à l’ouest par un lacet de 1 279 mètres, formant le tracé originel du Circuit des Remparts. Le parcours lui-même est très exigeant, il serpente autour des remparts de la ville et comporte deux virages à angle droit et trois épingles à cheveux. Une collection bariolée de voitures historiques a animé les rues et les allées de la ville, et comme pour de nombreux événements historiques de sport automobile, les participants et les spectateurs ont dû s’habiller en conséquence.
Vendredi, Concours d’Elégance
Le début des festivités a eu lieu vendredi avec le « Concours d’élégance » (Elegance Parade), où les propriétaires ont eu l’occasion de montrer leurs voitures rutilantes ; des prix ont été décernés à la voiture et au conducteur les mieux présentés. Les voitures se sont garées dans tout le centre-ville et c’était une excellente occasion de s’en approcher et de parler aux propriétaires avant la journée de course, plus tendue.
Pendant près de deux heures de spectacle ininterrompu, 33 véhicules et leurs équipages en uniforme, venus de quinze pays différents sont venus pour présenter près d’un siècle d’industrie automobile de 1902 à 1984. Sous les yeux de 2 000 spectateurs, le temps a filé… poussé par des spécimens uniques au monde comme l’impressionnante Ballot de 1920, ressemblant à un cigare sur roues, qui a participé aux 500 miles d’Indianapolis. Elle a remporté le prix d’excellence. Et d’autres belles berlines avec des roues de secours collées à la portière comme dans les bandes dessinées. Le cabriolet rouge Alfa Romeo Giulietta Spider 1961, appartenant à deux jeunes Angoumoisins, a obtenu le soutien du jury dans sa catégorie.
Samedi, Rallye international de la Charente
Point culminant du week-end pour beaucoup de spectateurs, le samedi est la journée incontournable du Rallye international de la Charente, une promenade de santé à laquelle participent quelque 300 voitures, dont plus de 100 voitures de course. Pour cette année, le rallye a été divisé en 4 lignes par époque… les Doyennes pour les voitures d’avant 1914, les Légendes pour les voitures jusqu’en 1949, et le rallye international qui comprend les voitures après 1959.
L’itinéraire a été communiqué quelques jours à l’avance et comprend un arrêt pour un déjeuner copieux dans l’un des sites touristiques de la région. Les voitures sont revenues à Angoulême en fin d’après-midi et d’excellents arrêts pique-nique étaient dressés le long du chemin pour le plus grand bonheur des spectateurs. Au plus fort du week-end, 11 000 personnes ont respiré la fumée des hydrocarbures et frissonné aux explosions des moteurs.
Trois itinéraires adaptés à chaque catégorie sillonnent le sud-ouest de Chabanais à Segonzac. L’astuce permet d’attirer davantage de voitures d’avant-guerre et d’apporter de la fluidité en tenant compte des contraintes de compétences de chaque catégorie. Pour combler ce vide intemporel, le rallye club trace également le parcours avec des véhicules modernes : Jaguar, Porsche entre autres véhicules d’anthologie complètent le parcours de ce musée mobile à ciel ouvert.
Dimanche, jour de la course – Circuit des Remparts
Même si Rallye international de la Charente est adulée avec ses 300 voitures défilant dans les rues pour les beaux yeux des spectateurs, le véritable clou du spectacle a été le dimanche, jour de la course sur le célèbre Circuit des Remparts, l’ancien circuit de rue autour de la ville fortifiée d’Angoulême. Chaque année, les courses comprennent une variété de classes et de véhicules, y compris des voitures de sport historiques F1 et GT.
Organisées par l’ASA des Remparts (association sportive automobile), les courses se déroulent toute la journée sous l’égide de la FFSA (Fédération Française du Sport Automobile). La matinée est réservée aux essais, l’après-midi à la compétition. Les concurrents, répartis sur 9 grilles de course et de démonstration, expérimentent le circuit pendant 20 minutes, ce qui déterminera leur position sur la grille de départ d’une compétition de 20 minutes.
Cette année, quelques plateaux de démonstration sont venus faire le show avec des champions des années 70 et 80, invités pour la 50e. Parmi eux : Ari Vatanen (multi-champion du monde des rallyes surnommé le « Finlandais volant »), Jean-Pierre Larier (vainqueur de 134 Grands Prix), Jean Ragnotti (le pilote de rallye surnommé « l’Acrobate ») et Pierre Petit (pilote champion de France de Formule 3).
A 13 heures, les tribunes sont pleines. Honneur aux centenaires de l’Austin Seven qui ont ouvert la voie. Les populaires britanniques lâchées comme un essaim d’abeilles bourdonnantes ont livré une belle épreuve de force avec un duel à moins d’une seconde d’écart à l’arrivée. Les Bugatti, toujours spectaculaires machines d’avant-guerre, se sont battues avec acharnement. Parmi les concurrents, mari et femme rivalisent de sportivité au volant de leur voiture de course. Des calandres mono-marques, dont la R5 Turbo, chauffent l’asphalte et quelques calandres bariolées des plus grands constructeurs du 20e siècle glissent littéralement sur ce manège infernal : Porsche, Jaguar, Lotus, Austin Healey, Alpine, Chevrolet, Citroën, Peugeot, Renault, Lancia, Mazda, Audi, Lada, Opel, Talbot, mais aussi Riley, BMW, Amilcar, Audi, MG, …
A 18h32, validation des chronos, la FFSA clôt les chronos. Le spectacle est tenu en haleine jusqu’à l’apothéose de la dernière course GT/GTS, avec une énergie démoniaque. Lorsque le speaker annonce un classement stabilisé à quelques tours de l’arrivée, le futur champion qui domine au volant de sa Lotus aussi puissante que légère est enfermé par un retardataire. Malgré son pilotage impeccable, la victoire revient à Damien Kohler. L’enfant du pays remporte ici son 10e trophée, qu’il dédie à Just Jaeckin, décédé cette année, à qui il avait acheté la Porsche Diva.
Conférences et expositions
L’effervescence a également investi les lieux publics dans un spectacle permanent. Cette année, les Journées du patrimoine ont coïncidé avec le festival. Expositions, conférences, concours, master-classes… Un programme foisonnant d’événements en accès libre témoigne que l’histoire a du talent. Parmi ces évènements, « Complètement DINGO », une exposition de peintures suspendues entre des immeubles, notamment rue Hergé. Goofy, l’affichiste a également animé 2 master class et un concours de dessin pour partager les secrets de son travail.
D’autres expositions se sont tenues, dont la « 100e anniversaire de la première traversée du Sahara » au musée d’Angoulême et dans sa cour, ou encore une exposition en plein air sur le plateau de la ville d’une vingtaine de Jaguar, et une concentration pour le centenaire de l’Austin Seven. Citroën a également présenté une conférence intitulée « Expéditions Citroën : mémoires et patrimoine dans les collections du musée du Quai Branly ». Enfin, plusieurs exposition de photos ont embelli le week-end, retraçant quelques pépites historiques, telles que l’exposition de photos « Remparts » par Philippe B – Biscuiterie Lolmède, celle de O.Zwilling intitulée « Voiture volante » au Golf d’Angoulême, ou encore celle de le parvis de la cathédrale d’Angoulême.
Teddy Sarou