« R » comme radicale. L’Alpine A110 R incarne la quintessence du savoir-faire de la firme dieppoise en matière de performances sportives. Au programme, une aérodynamique et une adhérence retravaillées, de la fibre de carbone à foison et… une édition Fernando Alonso limitée à 32 exemplaires.
Digne héritière de la mythique berlinette au nom éponyme, l’Alpine A110 R capture la magie de l’original des années 1960… une voiture de sport biplace légère, à l’expérience de conduite sublime et au look époustouflant. Des caractéristiques qui propulse la petite sportive au rang de succès aussi bien sur la scène internationale que dans les cœurs des passionnés de la marque…
Alpine décide alors de surenchérir en diversifiant la gamme, apparaissent alors l’Alpine A110 GT et l’Alpine A110 S en plus de la version de base. Le bilan est entièrement positif : le modèle de base conserve sa pureté, la GT est marginalement la mieux équipée pour les longs trajets et la S est le choix évident pour ceux qui vont parfois rouler sur circuit… jusqu’à ce que la marque décide de sortir une version ultime, l’A110 R. Cette itération à l’âme encore plus sportive fera le plus grand bonheur des férus d’adrénaline et de performances de haute volée.
Un régime à base de fibre… de carbone
A première vue, la nouvelle A110 R ne semble pas présenter de différences majeures par rapport aux autres versions de la gamme, cependant la marque française a révélé que ce radical sportif a été soumis à un « régime intense » qui a permis de réduire son poids de 34 kg, par rapport à l’A110 S, pour atteindre 1 082 kg.
Alors que la plupart des panneaux de la carrosserie suivent ceux de la S normale en étant fabriqués en aluminium, lui-même un matériau léger et plutôt cher, Alpine a introduit pour la première fois dans la gamme A110, des pièces en fibre de carbone qui ont été redessinées et visible sur son capot, son toit, son splitter avant, son diffuseur arrière, son spoiler et ses roues.
Le diffuseur contribue à réduire les turbulences du flux d’air, et s’appuie sur deux nouvelles ailettes en carbone, qui visent à conduire l’air vers le bas du diffuseur. Quant aux nouvelles roues en fibre de carbone tressée, elles contribuent pour plus d’un tiers au gain de poids cumulé de la voiture, tout en gérant mieux le flux d’air autour des flancs de la voiture. Par rapport aux roues en alliage de l’A110 S, l’ensemble en fibre de carbone permet de gagner 12,5 kg au total.
L’effet cumulé de ce régime strict de l’Alpine A110 R la rend presque 25 % plus légère que la Porsche Cayman GT4 au prix similaire. Alors que l’A110 R ne peut pas tout à fait dépasser une GT4 en ligne droite (les deux voitures mettent 3,9 secondes pour atteindre les 100 km/h), le poids plume de la petite dieppoise risque de changer la donne en faveur de l’A110 R sur une piste étroite.
Un moteur inchangé…
Malgré son apparence imposante, l’A110 R n’est pas plus puissante que le reste de la gamme, et est donc équipée du célèbre bloc quatre cylindres turbo de 1,8 litre placé en position centrale, qui délivre une puissance de 300 ch et un couple maximal de 340 Nm. La puissance est transmise aux roues arrière par une boîte de vitesses automatique à double embrayage à sept rapports, mais avec une nouvelle sortie d’échappement à double paroi imprimée en 3D.
Ces chiffres permettent à l’A110 R d’accélérer de 0 à 100 km/h en 3,9 secondes, ce qui représente une réduction de trois dixièmes de seconde par rapport à l’A110 S (4,2 s), et d’atteindre une vitesse de pointe de 285 km/h, soit 25 km/h de plus que l’A110 S d’Alpine.
De la même manière que l’A110 S, cette version R propose trois modes de conduite personnalisables, Normal, Sport et Track, qui permettent de modifier la sensibilité de la pédale d’accélérateur et du moteur, ainsi que la direction, le comportement de la boîte de vitesses et le contrôle de stabilité qui change en fonction du mode de conduite sélectionné.
Les ingénieurs d’Alpine ont amélioré les performances ailleurs… en économisant du poids, en augmentant l’adhérence, en augmentant la force d’appui et en réduisant la traînée, plutôt qu’en augmentant simplement la puissance. Xavier Sommer, directeur du programme Alpine, mentionne : « Nous ne sommes pas dans une course à l’armement, et la puissance a un mauvais impact sur le poids, le coût, le refroidissement, les freins… Dans un monde de CO2, même avec ce type de voiture, c’est de plus en plus important, les gens sont plus conscients d’avoir un bon rapport poids/puissance et je pense que notre message aura de plus en plus de succès ».
…mais un châssis aux réglages chirurgicaux
La plus grande différence par rapport à l’A110 « normale », est la configuration du châssis, et c’est là qu’Alpine a pris un pari avec la R afin de lui donner un certain avantage, surtout aux vitesses typiques de la route où les améliorations aérodynamiques ne seront pas ressenties. Dans ses réglages d’usine, l’A110 R est 10 mm plus basse que l’A110 S, avec des ressorts 10 % plus rigides et des barres antiroulis également plus rigides.
Ici, Alpine a fait appel à ZF pour un nouveau jeu de jambes de force à ressorts hélicoïdaux qui offrent 20 clics de réglage manuel de la compression/rétraction, des ressorts principaux associés à des ressorts auxiliaires pour la première fois sur une A110, et une hauteur de caisse réglable. Cette dernière est uniquement adaptée au travail sur piste, où il s’avérera sans aucun doute particulièrement transformateur, notamment en termes de gestion du transfert de poids à des vitesses plus élevées.
L’ensemble de la configuration a été réglé sur une composition spéciale de pneus Michelin Cup 2 R semi-lisses. Les dimensions de 215/40 R18 à l’avant et 245/40 R18 à l’arrière sont inchangées par rapport à l’A110S, qui propose également le Cup 2 en option. Les freins Brembo avec disques de 320 mm à l’avant et à l’arrière sont de série – une autre option pour la S – mais la R bénéficie d’un meilleur refroidissement grâce à de nouvelles canalisations sur les bras supérieurs de la suspension avant et le dessous de caisse.
Sur un circuit, la rapidité et la précision de l’A110 R ne font aucun doute. Elle est beaucoup plus vive que les versions normales et possède un bien meilleur contrôle du roulis à l’arrière. Sa direction est plus lourde et plus rapide dans sa réponse, et les virages sont beaucoup plus nets. Il y a aussi beaucoup plus de stabilité et de puissance au freinage et plus de mordant partout sur une piste.
Un intérieur typé course
L’intérieur de cette nouvelle version de l’A110, d’autre part, se distingue par le fait qu’il est entièrement réalisé en fibre de carbone, y compris la doublure des panneaux de porte, renforçant l’air sportif de ce modèle. L’ajout le plus significatif à l’intérieur est une paire de sièges baquets Sabelt en fibre de carbone, aux allures typées course, et dotés de harnais à 4 points. Leur confort est surprenant, avec un bon soutien sous les cuisses et un excellent soutien latéral.
L’Alcantara orne le tableau de bord, qui reste toujours numérique avec des commandes de climatisation physiques, et l’écran central d’infodivertissement de type iPad reçoit de nouvelles applications de télémétrie de piste. Les portes ont des tirettes tissées au lieu de poignées.
Alpine a mis au rebut la cloison vitrée du compartiment moteur de l’A110 et a remplacé son couvercle vitré par une alternative en fibre de carbone. Vous obtenez également une caméra de recul, qui est essentielle car il n’y a plus de pare-brise arrière ; elle a rejoint la longue liste des éléments de la R qui sont fabriqués en fibre de carbone, au détriment de la visibilité arrière.
A110 R Edition Fernando Alonso
Limitée à 32 exemplaires, cette inédite édition de l’Alpine A110 R sera présentée au salon de l’automobile de Paris en octobre 2022. Esthétiquement, il y a plusieurs petits changements… L’A110 d’Alonso utilise le même bleu Racing Matte que la voiture Alpine F1, et la nouvelle peinture s’étend aux éléments en fibre de carbone de l’A110 R, qui étaient auparavant nus. Il y a aussi un drapeau bleu-orange-jaune sur les vitres arrière, encore une fois pour montrer l’affiliation de la voiture avec le double champion du monde de F1.
L’édition Alonso est équipée d’une suspension plus ajustable, avec une augmentation possible de 5 % de la rigidité et une réduction de 10 mm de la hauteur de caisse – mais ce réglage est destiné à une utilisation sur circuit uniquement. Le chiffre 32 représente chacune des victoires de l’Espagnol en F1, chaque voiture portant une plaque représentant une victoire individuelle, avec le nom du circuit et l’année de la victoire.
Patrick Koune