Tout d’abord il faut féliciter Jean-Michel Techeney et les nombreux bénévoles qui permettent au festival DU ROCK MON POTE de continuer à faire vivre la passion mélomane annuellement sur la commune de Carbon-Blanc. Sans ces femmes et hommes de l’ombre qui savent recevoir, cette 6ème édition n’aurait pas été aussi réussie.
Historiquement, ce festival veut promouvoir la musique amateur créant du lien social entre les générations rocks et en invitant des musiciens professionnels. Les conditions de performance des groupes sont optimales et les deux scènes déplacées sur le stade G.Lacoste cette année pour cause d’intempéries récentes sont magnifiques. Une prouesse pour des amateurs.
Le vendredi 31 mai, White Carbon’s spécialiste des reprises rock n’roll et groupe local ambiance le public (qui sera plus nombreux le lendemain) avant de céder la place aux musiciens professionnels. Néanmoins il faut reconnaître que les 6 membres du band ont la classe et qu’ils tiennent leur place avec ferveur ! Les grands classiques y passent et même si le chanteur n’a pas l’assurance de Michael Hutchence sur « Devil Inside », sa présence, sa sympathie et la qualité musicale de ses camarades font le reste. On sent la bande de copains qui se connaît depuis une dizaine d’années et répète toutes les semaines avec assiduité.
Ensuite c’est l’une des vedettes locales qui monte sur les planches. Quintana Dead Blues Experience qui revient en formule duo avec Adrien à la batterie va enflammer la foule sur et devant la scène. A cette occasion, nous l’avons rencontré pour une petite interview :
Diego : Quel retour as-tu de ta récente collaboration avec Yarol sur la chanson « Wild As Fire » ?
QDBE : Cela me permet une visibilité différente en touchant un autre public que le mien. J’espère pouvoir la jouer sur scène avec Yarol lors d’une de ses tournées personnelles car il fait de nombreuses dates entre les concerts de FFF.
Diego : Concernant Quintana Dead Blues Experience, tu joues désormais en duo ?
QDBE : Oui, le projet est devenu un duo. J’ai rencontré Adrien après l’un de mes concerts à sortie 13, Vincent le directeur de la salle m’a motivé à utiliser un batteur lors de mes prestations. J’y pensais mais la logistique n’était pas évidente et il fallait que mon binôme corresponde à mes désirs humains et musicaux. L’opportunité est venue grâce à cette discussion, Vincent nous a mis en relation en me présentant Adrien comme un « batteur qui lève les bras ! »
Diego : Donc qui frappe fort ! Musicalement la suite « à deux » est-elle prévue car « One Of Us » a deux ans et sa conception remonte au Covid !
QDBE : Les morceaux de « One Of Us » ont été joués durant deux ans et nous sommes dans une phase de transition. D’ici l’été prochain, j’ai bon espoir que nous sortions un EP avec de nouveaux morceaux dont « Break The Line » que nous interprétons de temps à autre pourrait faire partie. Le titre « Wild As Fire » joué avec Yarol est un morceau que j’avais composé pour mon futur EP et il a aimé l’entendre. Il a modifié quelques trucs lors de l’enregistrement mais c’est un mec qui ne se prend pas la tête et j’ai beaucoup aimé notre échange. Un musicien « à l’ancienne » qui est probablement le plus expérimenté du groupe FFF.
Diego : C’est un plaisir de revenir au festival DU ROCK MON POTE ?
QDBE : Évidemment ! J’ai joué au tremplin et la mentalité des organisateurs est exceptionnelle, tout comme l’accueil. De plus, la technique est à la hauteur et ce n’est pas négligeable.
Lors de sa prestation, Piero et Adrien interpréteront un classique des Stooges que le chanteur affectionne particulièrement et finiront leur set au milieu de la foule avec « Wild As Fire ».
A 22H30, nous retrouvons Bilbao Kung-Fu devenu un trio. Les rois du rock hybride Bordelais vont présenter de nouveaux morceaux mais également bouger les premiers rangs avec quelques classiques de leur répertoire comme « Jeu, Set et Match ». Déjantés, les Charentais sont puissants sur scène et notre chroniqueur a pu échanger quelques mots avec eux après les entrevues passées à l’Iboat et au Cognac Blues Passions :
Diego : Depuis quelques temps vous n’êtes plus un quatuor mais un trio. Qu’en est-il ?
BILBAO KUNG-FU : C’est la formule à 19,50 euros avec entrée/plat/dessert ! (rires) Plus sérieusement, Jeff a quitté le groupe l’été dernier et nous avons préféré rester en trio. Musicalement, nous avons organisé notre son live différemment pour remplacer ses parties instrumentales mais on gère.
Diego : Votre EP « Déséquilibre » est sorti il y a un an et demi. Quelle est la suite ?
BILBAO KUNG-FU : Nous sortons de studio et l’enregistrement du premier album est terminé. On espère une sortie début 2025, le titre n’est pas encore défini et il y aura 14 titres inédits. Certains ont déjà été joués en live.
Diego : Qu’est-ce que ce disque a de plus que vos enregistrements précédents ?
BILBAO KUNG-FU : Il s’agit de nos plus belles sessions studios depuis les débuts de Bilbao Kung-Fu. Tous les titres ont été faits après le départ de Jeff et c’est l’aboutissement de notre projet, une fierté qu’on espère présenter au public durant deux années. Nous étions bien posés, avec une production rock et efficace. Les styles musicaux sont différents, tantôt psychédélique, parfois pop ou punk. Nous nous sommes autorisés quelques titres sombres et avons mis toutes nos vies dans ces chansons.
Diego : Quel est le but ?
BILBAO KUNG-FU : Il y en a deux. Réussir dans la musique et avoir les filles à nos pieds… (rires)
Diego : Tout viendra avec le temps !
BILBAO KUNG-FU : On rode notre album en live et sommes contents de reprendre la route. Quelques concerts en festivals à venir ainsi que la publication d’un single probablement en fin d’année.
Diego : Un plaisir que nous partagerons avec vous, comme votre présence au festival DU ROCK MON POTE !
BILBAO KUNG-FU : Nous sommes très heureux d’être là tant pour la qualité de l’accueil que pour présenter nos nouvelles chansons.
Le lendemain, les premiers festivaliers sont accueillis par Th3 Nobodies, Luma Project et The Lost Meridian. Ces derniers qui sont Bordelais se dénotent grâce aux influences trip-hop rappelant le meilleur des années 90 et à la charmante Laety au chant.
A 18 heures, Owen des Keeks arrive par la pelouse, guitare en mains pour un set Anglophone. Le power trio originaire de Bayonne assène un rock garage sans compromission permettant de larges extraits de leur EP éponyme publié l’an dernier. Dans la foulée, les métalleux de Burning Jake vont défendre « Chaper I » tout juste sorti des fourneaux. Lumberjack a laissé tomber la capuche pour « Dear Mary » et les Pessacais chauffent la foule pour les deux têtes d’affiche du festival, The Twin Souls puis Datcha Mandala.
Les frères Toulousains qui alternent batterie et guitare sont, comme à leur habitude, excellents dans l’exercice. Guilhem joue avec le micro de son instrument pendant que Martin martyrise les fûts. Ce duo survitaminé a accepté de répondre à quelques questions :
Diego : Où en est cet album tant attendu car « Family & Friends » sorti en février est un best-of de vos productions précédentes ?
The Twin Souls : Ça avance ! Il est programmé pour 2025. « Family & Friends » est une compilation avec quelques inédits et des copains. Le vrai premier album de Twin Souls est enregistré et mixé, il ne reste plus qu’à le masteriser. Je pense que notre musique évolue, l’album comprendra 10 morceaux et a été enregistré à Berduquet où nous t’avions déjà rencontré. Il a été mixé à Bruxelles.
Diego : Ce disque a été composé sur la route entre deux concerts ou au calme à la maison ?
The Twin Souls : En général, nous composons dans la foulée de l’album précédent. On laisse poser les chansons un an, on les teste en live. D’ailleurs les titres de notre deuxième album sont déjà en cours de composition.
Diego : On imagine une release party l’an prochain vers Toulouse, votre père étant musicien professionnel peut-il monter sur scène avec vous ?
The Twin Souls : On adorerait ! On ne l’a jamais fait et c’est une idée qui plait à toute la famille. Espérons que les planètes seront alignées ! Dans l’idéal, une release à Toulouse et une autre à Bordeaux seraient extra.
Diego : Comment est né le morceau « The One » avec Datcha Mandala ?
The Twin Souls : C’est un de nos morceaux, nous testions d’autres titres avec les Datcha et Guilhem a ressorti ce riff, j’ai enchainé sur des paroles écrites la veille. Datcha a ajouté ses parties musicales et « The One » est né.
Diego : Avec un clip en forme de battle de groupes très sympa ! Musicalement, sentez-vous une progression dans vos jeux respectifs ?
The Twin Souls : Oui ! Les nombreux concerts y sont pour quelques choses et les regards des gens durant nos spectacles veulent tout dire. Lorsqu’un riff plait, tu le vois de suite ! Une fois au Minotaure de Toulouse devant 1500 personnes, on a enchainé deux titres non prévus car pas encore structurés et le public a été au rendez-vous. Un bon moyen de tester nos compositions.
Diego : Et vous savez instinctivement qui va jouer de la guitare et de la batterie sur tel ou tel morceau ?
The Twin Souls : En général oui mais techniquement Martin est meilleur guitariste, il a fait le conservatoire même si notre musique n’est pas une démonstration musicale !
Pour finir en beauté ces deux soirées musicales, Datcha Mandala a explosé l’applaudimètre en présentant des compositions de leur 3ème album dont « Koda » et « Love Myself » sont les plus beaux joyaux. Après « Rokh » et « Hara », la qualité des albums des Bordelais mérite une reconnaissance médiatique qui permettrait au trio de percer nationalement. Un passage de Daft Punk (« Robot Rock ») et un solo de batterie de JB plus tard, le public est conquis ! Le final en apothéose propose des reprises de « 20th Century Boy », « Helter Skelter » et « The One » en compagnie des copains de The Twin Souls. Cette année, Kriss Maximum Tour est le fournisseur officiel de talents du festival ! Jeremy, Nicolas et JB ont répondu aux questions de Diego avant leur performance :
Diego : J’ai lu dans Sud-Ouest que vous viviez désormais en colocation, ça se passe bien ? (rires)
Datcha Mandala : Oui nous sommes ensemble à Camblanes depuis septembre 2022. Nous avons deux chats qui se détestent mais chaque membre du groupe à son espace vital. En tournée nous sommes tout le temps ensemble, pour répéter nous avons un salon de musique très pratique. Après au quotidien, chacun joue dans son coin.
Diego : Les premiers retour de « Koda » sont excellents. Comment expliquer une telle évolution après « Rock » et « Hara » ?
Datcha Mandala : L’investissement est total et nous avons changé de producteur. Les moyens et la façon de travailler sont plus actuels, nous avons enregistré au studio ICP de Bruxelles avec Charles de Schutter qui a déjà bossé avec Pleymo, M et Angèle. Par l’intermédiaire de Marco du Krakatoa qui pensait que notre son pouvait être compatible avec un album de No One Is Innocent produit par Charles, nous l’avons contacté. Cela tombait dans notre période où nous souhaitions changer de producteur après le superbe travail de Clive Martins. Le son de Charles est plus lourd, style Royal Blood et Led Zeppelin.
Diego : Comment s’est passée la rencontre ?
Datcha Mandala : Nous avons eu de la chance que cela fonctionne dès le premier jour car nous ne nous connaissions pas physiquement ! C’est la première fois que nous sommes autant satisfaits du résultat. Auparavant le mixage prenait deux jours, cette fois cela a duré deux semaines.
Diego : Le titre « Koda » c’est pour rendre hommage à Led Zeppelin ?
Datcha Mandala : C’est un clin d’œil… toi tu as du vécu donc tu as la référence !
Diego : Si à 50 balais tu n’as pas la référence, tu as raté ta vie ! (rires)
Datcha Mandala : Exact ! Comme la Rolex… pour info le dernier album de Led Zeppelin s’appelait « Coda » avec un « C » comme la formule musicale de la fin d’un morceau, pour notre album nous l’avons écrit avec un « K » pour marquer notre influence principale sans copier-coller le titre.
Diego : Un autre clin d’oeil dans ce disque avec Deep Purple cette fois, l’interlude à la batterie de JB ?
Datcha Mandala : Oui style « Made in Japan » qui est un live mais c’est plutôt une référence au nouvel album de Tool. Initialement le solo de batterie était rattaché au morceau précédent « Om Namah Shivaya » mais cela l’alourdissait et le rallongeait… en fait c’est un assemblage de plusieurs solos. Pour le titre « Syndrome Of Laborieux Optimisum », c’est l’anagramme de S.O.L.O.
Diego : Dans cette tournée, JB se permet-il un interlude à la batterie ?
Datcha Mandala : Pas aussi long que dans « Made in Japan ! Sur les tournées précédentes, je le jouais sur « Pavot » en format bordel plus ou moins maîtrisé, pour ces nouveaux concerts nous avons innové.
Diego : Le clip de « Koda » est simple et efficace, un peu comme son prédecesseur « She Said » ?
Datcha Mandala : Les deux ont été tournés par Tony Horel et ils ont été filmés dans le désordre par rapport à leur date de sortie. « Koda » a été filmé en octobre avec l’idée d’une salle blanche et tous les effets qui arrivent au fur et à mesure viennent de l’intelligence artificielle. En décembre, en partenariat avec le label Take It Easy nous avons enregistré « She Said » près de chez nous. C’est également Tony qui avait réalisé le clip « Stick It Out » à la base sous-marine.
Diego : Dans votre album, l’introduction de « Thousand Pièces » est extraordinaire… un rot monumental !
Datcha Mandala : A ton avis, qui est l’auteur ?
Diego : J’opterais pour Jeremy…
Datcha Mandala : Perdu ! C’est Nicolas ! L’histoire est simple. C’est une chanson de rupture car j’étais en colère (dixit Nicolas) mais ce morceau a été enregistré un an après l’avoir écrit ! Je n’avais plus ce sentiment de déception et pour sortir cette colère qui était précédemment en moi, j’ai pensé à boire des bières pour exprimer ma rage ! Un petit hommage représentatif de cette nana avec qui j’étais car nous buvions pas mal de bières. J’en ai bu 3/4 durant la session, Charles et son assistante Écossaise Ashley ont jugé bon de garder cette éructation pour le mixage final.
Diego : Pour finir, que peut-on vous souhaiter ?
Datcha Mandala : Arriver en rotation sur RTL2 ! Ce serait cool.
Diego : Super merci.
Datcha Mandala : A bientôt !
Bien après minuit, les festivaliers repartent satisfaits de ces deux jours de rock n’roll et les organisateurs promettent de remettre ça l’an prochain. Merci pour l’invitation !
Report & Photos : Diego OnTheRocks