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French Touch Justice à Arkea Arena

French Touch Justice à Arkea Arena

QUE JUSTICE SOIT FAITE !
Le groupe de French Touch Justice est devenu un phénomène musical dès le début. Les Parisiens Gaspard Augé et Xavier de Rosnay ont formé leur duo électronique en 2003 et se sont forgés une réputation leur permettant d’être les dignes héritiers des Daft Punk qui ont raccroché les casques en 2021.

Tous deux graphistes, leurs premiers maxis installent leur identité avec le coup de pouce de Pedro Winter, fondateur du label Ed Banger. « Never Be Alone » est leur premier titre joué sur les dancefloors rejoint par « We Are Your Friends » édité par Virgin records. Les DJ set s’enchaînent et Justice va atteindre une reconnaissance publique en remixant des chansons de Fatboy Slim, Daft Punk et Britney Spears et en préparant un nouveau maxi qui va révolutionner toutes les boîtes de nuit mondiales : « D.A.N.C.E ». Il ouvre les portes des festivals dont le célèbre Coachella aux Etats-Unis et l’album « Cross » propulse Gaspard et Xavier au top de l’électro. La pochette illustre une croix catholique qui devient leur marque de fabrique alors que les membres de Justice sont les premiers Français à intégrer la bande son d’un jeu vidéo (Grand Theft Audio avec le titre « Waters of Nazareth »). A cette période, une polémique enfle concernant le clip « Stress » stigmatisant des jeunes de banlieue qui utilisent la violence. Le groupe fait comprendre qu’il s’agit surtout d’une corrélation entre le son et l’image au fur et à mesure que le titre monte en intensité.

 

La carrière est lancée et plusieurs albums studios sont publiés. « Audio, Vidéo, Disco » en 2011 que l’on peut traduire par « J’entends, je vois, j’apprends » avec un son très lourd mais probablement plus accessible que son prédécesseur. Moins agressif, les ambiances sont variées (incluant des chœurs et une piste cachée) et le succès est au rendez-vous. En 2016, « Woman » sort chez Because avec un côté cosmique qui laisse entendre qu’ils prennent un minimum de risques pour un maximum de gain… difficile de se renouveler dans la disco même si « Heavy Metal » est une réussite et Giorgio Moroder transpire du disque. L’an dernier, Justice renoue avec l’inventivité en publiant « Hyperdrama » où l’on retrouve l’intensité des débuts avec les collaborations de Tame Impala, The Flints, Rimon et des titres remarquables baptisés « Generator », « Neverender » et « One Night / All Night ». La simplicité a du bon et ce disque confirme le statut dominateur du groupe qui transpire la fête incluant un maximum de featurings.
ARKEA ARÉNA
J’ai eu la chance de participer au concert de Paris-Bercy en décembre dernier et la puissance de feu m’avait subjuguée. Les premières parties (dont Kavinsky) mettaient direct dans l’ambiance d’un show plus proche d’une boîte de nuit géante que d’un concert. Car il y a dilemme ! Est-ce un concert ou un spectacle ? Habitué au classique chanteur / guitare / basse / batterie, voir Justice en live est une expérience différente et les mauvaises langues pourraient penser que les types arrivent avec leur clé USB, appuient sur « play » et c’est parti pour 1H40 !
Comme disait feu Gérard Collomb, les protagonistes ne sont plus « côte à côte » mais « face à face » sur scène contrairement aux tournées précédentes. Le show à Arkea Arena est musicalement identique aux prestations parisiennes si ce n’est quelques adaptations visuelles dues à la configuration de l’endroit. Il faut dire que la mise en scène est tellement qualitative, qu’il n’y a aucune place à l’improvisation ! Les spectateurs vont en prendre plein les mirettes et les oreilles et j’ai rarement vu une telle puissance déployée ! De « Genesis » en introduction à « Phantom part II » en final, Justice assène des coups de massue progressifs sur le public qui ne peut qu’être conquis. Les récents « Mannequin Love » (avec un extrait de « We Are Your Friends » acclamé) et « Incognito » (qui ressemble à une B.O.) côtoient le tubesque « D.A.N.C.E » avant le rappel. Le point d’orgue de ce concert restera la version de « Stress » incroyablement réussie. Performance visuelle et sonore pour le plus grand plaisir des Bordelais massés dans l’enceinte.
Le son n’a jamais été aussi bon et c’est l’avantage que je donne à la prestation locale plutôt qu’au show parisien, la qualité de la salle et un sentiment de « proximité » impossible en festival. Toujours est-il que Justice a remporté récemment un nouveau Grammy Award à la 67ème cérémonie pour le meilleur titre dance / électro avec « Neverender ». Un signe évident qu’il faut compter sur ce duo classieux qui déchire en concert – spectacle – discothèque… ils quittent Arkéa Arena en saluant la foule mais sans dire un mot, bien dommage.
Diego OnTheRocks