Une artiste coréenne de grand talent
Formée aux arts plastiques à l’université de Hongik de Séoul puis aux beaux arts de Paris, Min Jung -Yeon , née en 1979, n’a de cesse de vouloir réconcilier les contraires, celui du vide et du plein tout comme celui de la construction et de la destruction. L’équilibre et le chaos alimentent une oeuvre marquée par son enfance dans une péninsule divisée depuis plus de 70 ans.
Dès son plus jeune âge, la nature devient une source inépuisable d’observation et d’inspiration pour son travail empreint de songes intimes et d’univers très personnels.
Artiste polyvalente, Min Jung-Yeon manie avec autant de facilité le pinceau et le crayon pour transposer son imaginaire au spectateur qui pénètre dans son environnement.
Tissage
Dans l’oeuvre immersive en 3D présentée au Musée national des arts asiatiques – Guimet, elle nous plonge au coeur d’une forêt à deux visages. Souvenir heureux d’une rencontre inédite avec la nature entaché par une intrusion agressive dont les stigmates sont toujours présents.
A l’origine du projet, une toile peinte dans laquelle s’entrelaçaient des bouleaux et des tuyaux métalliques. L’envie de pénétrer dans ce paysage à la fois attirant et déstabilisant fit son chemin…
C’est l’évocation d’un souvenir qui nous est présenté et non la reproduction exacte d’un environnement. De ce souvenir, nait un certain désordre représenté subtilement par un jeu de miroirs et de tuyaux qui interpellent directement le spectateur plongé au cœur de cette forêt à la fois très réelle et totalement imaginaire.
Un message de réconciliation
Difficile de ne pas faire un parallèle entre cette forêt refuge de son enfance et à la fois repère de tous les dangers avec la Corée elle même en proie à ses contradictions entre le nord et le sud. Min Jung-Yeon nous livre au travers de son oeuvre un message de réconciliation qui résonne au delà des bouleaux et des plumes d’oiseaux magistralement représentées par le dessin et la peinture. Message mémoriel mais aussi plein d’espoir pour un pays qu’elle souhaite uni dans un esprit de « bien vivre ensemble » dans le respect idéologique des 2 parties.
Cette itinérance lointaine soulève le voile d’un art souvent méconnu du grand public empreint de chamanisme, dans une harmonie poétique qui ne peut laisser indifférent.
A découvrir dès maintenant au Musée national des arts asiatiques – Guimet !
Christine Masseron