En exploration de la beauté intemporelle de l’oxydation, Sanne Terweij (Amsterdam, 1984) présente dans de nombreux salons et expositions, comme en ce moment à Maison & Objet, des œuvres d’art qui fusionnent des éléments classiques et contemporains, embrassant la couleur et l’artisanat en utilisant des matériaux éprouvés d’une manière nouvelle et rafraîchissante.
Avec ses objets muraux colorés et envoûtants, Terweij présente une forme unique de design, transformant telle une alchimiste les métaux en pièces d’art intemporelles qui mélangent harmonieusement les formes géométriques et le mouvement organique des oxydes.
Dans son atelier, elle expérimente divers procédés chimiques et interventions artistiques, donnant vie à des métaux comme le cuivre et le laiton tout en explorant les propriétés oxydatives de ses matériaux. L’oxydation est un processus imprévisible et n’est que partiellement contrôlable. Naviguer sur ces chemins la conduit à une quête constante d’équilibre ; un voyage d’acceptation de ce qui est, et de changement de ce qu’elle juge nécessaire. Cette chimie créative, qui se déploie sur les centaines de formes découpées à la main qui composent ses œuvres, fait en sorte qu’il n’y a jamais deux œuvres identiques.
Ce sont les trésors que recèlent ses matériaux, tant au niveau de la couleur que de la texture et de la réflexion, que Terweij recherche. La transition est un fil conducteur, et son processus révèle son amour profond pour l’artisanat à l’ancienne. Elle trouve que les petites imperfections que l’on voit lorsque quelque chose est fait à la main, donnent vraiment à chaque pièce son propre caractère. Sa préférence pour les matériaux non conventionnels et son utilisation souvent audacieuse de la couleur en font des pièces uniques et reconnaissables.
Son parcours artistique, ancré dans l’entreprenariat créatif pour le cinéma et l’hôtellerie, l’a amenée à se spécialiser dans l’art du vieillissement et les techniques de patine. Sa capacité à maîtriser l’imprévisible, en lui insufflant intention et compétence, donne naissance à des paysages d’oxydation stratifiés qui résument la beauté éphémère du monde qui nous entoure. Les surfaces de ses œuvres se reflètent et scintillent sous l’effet de la lumière et du changement de perspective du spectateur, lui offrant une expérience visuelle enchanteresse qui transcende le temps.
« En capturant la beauté énigmatique que nous offre la nature, je cherche à créer des œuvres d’art qui nous incitent à apprécier les petits moments que nous tenons trop souvent pour acquis ».
Si certains objets prennent de la valeur en vieillissant, d’autres processus de vieillissement sont considérés comme une perte de valeur. Le processus d’oxydation, plus souvent considéré comme indésirable et dépréciatif, est utilisé ici pour obtenir exactement le contraire : ajouter une valeur et un caractère uniques.
La beauté et la valeur sont deux éléments qui peuvent évoluer et changer avec le temps, et qui sont souvent liés. À première vue, les pièces en cuivre brossé semblent brillantes et intactes, mais en y regardant de plus près, on peut également observer les traces que le temps a laissées sur elles ; des rayures et des bosses qui n’enlèvent rien à leur beauté, mais qui leur confèrent au contraire un caractère unique. Les œuvres d’art de Terweij invitent les spectateurs à contempler le caractère éphémère de la beauté et à regarder au-delà du premier coup d’œil.
Ses objets muraux (sur mesure) ont déjà trouvé leur place chez des collectionneurs, des designers et des galeries du monde entier, et elle a récemment reçu le Rising Talent Award de Maison et Objet (sept 2022), ce qui conforte sa position d’artiste à suivre.
A propos de l’oxydation
L’oxydation des métaux est un phénomène chimique qui se produit lorsque les métaux sont en contact avec l’oxygène de l’air ou de l’eau. L’oxygène est un réactif qui capte des électrons des atomes métalliques et forme des composés appelés oxydes métalliques. Selon la nature du métal, l’oxydation peut entraîner des conséquences différentes sur ses propriétés physiques et chimiques.
Certains métaux, comme le fer, subissent une oxydation qui entraîne leur corrosion. Le fer se recouvre d’une couche de rouille, qui est un oxyde de fer hydraté de couleur rougeâtre. La rouille est une matière friable et poreuse qui ne protège pas le métal et le rend plus fragile. La corrosion du fer peut être accélérée par la présence d’eau, de dioxyde de carbone ou de sels dissous.
D’autres métaux, comme le cuivre, le zinc ou l’aluminium, subissent une oxydation qui entraîne leur passivation. Ces métaux se recouvrent d’une couche d’oxyde très fine et compacte, qui isole le métal de l’oxygène et empêche la corrosion. La couche d’oxyde peut avoir une couleur différente du métal, comme le vert-de-gris pour le cuivre ou le blanc mat pour l’aluminium.
Enfin, certains métaux, comme l’or ou le platine, sont peu réactifs à l’oxygène et ne s’oxydent presque pas. Ces métaux sont appelés métaux nobles ou précieux, car ils conservent leur éclat et leur pureté au fil du temps. L’argent est un cas particulier, car il s’oxyde au contact de l’air en se recouvrant d’une couche noire d’oxyde d’argent, mais cette couche stoppe la corrosion et peut être facilement enlevée.
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André Tirlet
