Du 29 mars au 28 mai 2023, la Galerie Mayoral accueille une exposition monographique Ultralocal/Ultraglobal consacrée à Salvador Dali dans son espace parisien de Matignon. À travers une série d’œuvres inédites, l’exposition montre la tension entre le cosmopolitisme de l’artiste et son ancrage dans sa terre natale de Cadaqués : deux aspects qui semblent à première vue incompatibles, mais qui se manifestent néanmoins dans son travail et dans sa vie.
En fait, Dali nous démontre que c’est son particularisme et sa revendication des origines qui ont rendu possible son universalisme. Organisée par Chus Martínez, Ultralocal/Ultraglobal redécouvre avec une précision d’orfèvre l’univers artistique du célèbre peintre Salvador Dalí, inspiré par La culture et le paysage de sa Catalogne natale – à la fois poétique et unique mais aussi influencé par ses expériences internationales, notamment entre Paris , où il a rencontré les surréalistes, et l’Amérique, où il a travaillé avec des personnages tels que Walt Disney.
Dalí… une œuvre et un personnage toujours d’actualité
Le travail et le personnage de Dali, à l’origine du grand changement de paradigme de l’art contemporain, contiennent de fortes prémonitions de statu quo. Comme le dit la curatrice de l’exposition, Chus Martínez : « Son obsession pour l’auto-génération, son insistance sur l’ambivalence dans la lecture et l’interprétation du genre et de la sexualité, une identité non binaire, son intérêt pour la compréhension de la science et son intérêt pour l’investigation et l’expression de cultures indigènes dans son travail et dans sa vie… ». L’artiste lui-même déclarait qu’il faut systématiquement créer de la confusion car elle déchaîne la créativité : « Tout ce qui est en contradiction crée la vie ».
C’est cette ambivalence qui nous fascine, nous entraîne et continue de nous intéresser aujourd’hui. Dalí pousse la réflexion plus loin, car bien que son travail se situe dans le cadre d’une exposition, « il n’est pas déraisonnable de penser que l’œuvre puisse se trouver au milieu d’une forêt, ou apparaître devant nous sur la plage de Cadaqués. Quand Salvador Dali veut tout de nous quand nous sommes devant son œuvre, il veut que nous unissions en permanence nos sens et nos sentiments de l’œuvre » (Chus Martínez).
Pionnier des performances et des « événements », l’artiste catalan réalise au total 88 « Darling Shows » entre 1935 et 1976, dont plusieurs à Paris avant la guerre de 1939. Une rétrospective Dalí de 2013 au Centre Pompidou a souligné que « le temps était en sa faveur ». Une exposition qui lui est consacrée à la Galerie Mayoral espère également mettre en lumière cet aspect encore méconnu de son travail à travers ses installations et la reconstitution d’un de ses « happening » les plus célèbres lors du vernissage le 28 mars.
Ultralocal…
L’exposition à la Galerie Mayoral rappelle les liens indéfectibles qui unissent l’artiste à la Catalogne, sa patrie et importante source d’inspiration. Que les œuvres soient créées en Espagne, en France ou aux États-Unis, les rochers de Cadaqués et la baie de Port Ligate ne quittent jamais l’artiste, l’inspirant sur la grande scène de son monde artistique. Par exemple, la rare huile sur cuivre du Cap de Creus (1965-70) est infusée de cette lumière intemporelle et ultra-analytique, ou le surprenant Desert Watch (1975) représentant un paysan catalan au barretina typique devant une sirène madone énorme au visage d’horloge molle, Dali use de son imagination hallucinatoire pour relier les traditions locales à la culture vernaculaire de ce paradis paisible.
L’exposition comprend également des œuvres telles que Vanitas (1933) et Étude pour la Madone de Port Lligat (1949), dans lesquelles on retrouve le même paysage, clé pour comprendre les réflexions de Dalí sur plusieurs thèmes universels tels que la mort, la science et la religion. Ces deux œuvres témoignent également de la diversité de la culture artistique de l’artiste, puisqu’il s’est inspiré des peintures religieuses de la Renaissance, notamment de Piero della Francesca pour l’une, et de l’Angélus de Jean-François Millet pour l’autre. Cette exposition permet donc de redécouvrir les paysages qui ont su inspirer les œuvres les plus célèbres du peintre.
…Ultraglobal
L’exposition témoigne également de l’attachement de l’artiste catalan à Paris et à l’Amérique. La capitale française fut la première ville qu’il parcourut, rencontrant de grands esprits tels que Picasso, Breton, Magritte, Ernst et Eluard, et y rejoignant le mouvement surréaliste. Mouvement premier dans l’évolution de l’œuvre de l’artiste, cette période s’incarne chez Mayoral par Objet scatologique à fonction symbolique (Le Soulier de Gala), objet mystique composé d’une chaussure rouge, d’un verre de lait, de plusieurs morceaux de sucre, d’une boîte d’allumettes et des poils pubiens. L’original de 1931 (maintenant perdu) est reconnu comme la première composition surréaliste de l’artiste.
En 1973, avec l’accord de l’artiste, la Galerie du Dragon réalise un tirage de huit exemplaires et deux épreuves d’artiste. Des exemplaires supplémentaires de cette édition sont aujourd’hui rassemblés au Centre National d’Art Contemporain Georges Pompidou (n° 4/8, acquis en 2014), au Dali Museum, St. Petersburg, Floride, et au San Francisco Museum of Modern Art.
L’artiste se rend régulièrement aux États-Unis. Pendant quarante ans à partir de 1934, Dalí passe tous ses hivers à New York, attendu avec impatience par les habitants qui le reconnaissent et l’adorent. C’est à l’autre bout du pays, à Hollywood, qu’il rencontre Walt Disney, qui l’approche pour travailler sur le projet de court-métrage « Destino », dont une très complète feuille d’études de 1945 sera présentée à la Galerie Mayoral pendant l’exposition.
A propos de la Galerie Mayoral
Mayoral est une galerie d’art créée en 1989 avec deux espaces d’exposition… l’un à Barcelone et l’autre à Paris. Dédié à l’art d’après-guerre et contemporain, elle présente des artistes tels que Tàpies, Chillida, Millares, Saura, Zóbel, Francés et Chordà, mais aussi de grands artistes du 20e siècle tels que Miró et Picasso et des artistes contemporains comme Macarrón, Oliver, Platts et Barriga. Les projets mis en œuvre par Mayoral sont le fruit d’une recherche rigoureuse et approfondie. Pour cela, elle bénéficie du soutien de familles d’artistes, de fondations et autres institutions, ainsi que de nombreux collectionneurs et musées privés et publics.
Les projets présentés par la galerie parisienne ces dernières années ont exploré le processus de création des artistes et mis en lumière les manières dont leurs travaaux défient le présent, qu’il s’agisse d’expositions collectives comme Briser les Codes ou Un hommage à Pierre Matisse, des rétrospectives dédiées à Tàpies, Saura and Chordà, ou des dialogues entre artistes, comme Miró et Zao Wou-ki, Mirales et Rivera ou Francés et Vieira da Silva. Mayoral participe à Art|Basel Miami Beach, Art|Basel Hong Kong, TEFAF Maastricht, TEFAF New York et ARCOmadrid.
Informations pratiques
Ultralocal/Ultraglobal, une exposition Salvador Dalí / du 29 mars au 28 mai 2023
Mayoral / 36 Avenue Matignon 75008 Paris / Ouverture du mardi au vendredi de 10h30 à 19h et le samedi de 13h à 18h / www.galeriamayoral.com
André Tirlet
Légendes : 1/ Salvador Dalí au barretina à Cap de Creus, 1955. Photo Robert Descharnes © Descharnes & Descharnes sarl 2023 / Objet scatologique à fonctionnement symbolique (Le Soulier de Gala), 1931/1973, assemblage surréaliste, épreuve d’artiste (édition de 8 +2) © Mayoral 2023. 2/ Le peintre Georges Mathieu et Salvador Dalí avec le pain géant de 12m à la Foire de Paris le 12 mai 1958 © Mayoral 2023. Tous droits réservés. 3/ Étude pour montre ou horloge © Mayoral 2023. Tous droits réservés. 4/ Salvador Dalí, Nus dans un paysage de Cap de Creus, 1965-70, huile sur cuivre © Mayoral 2023. 5/ Salvador Dalí, « Destino », étude de personnages, 1945 (détail). Aquarelle, encre de Chine et mine de plomb sur carton © Mayoral 2023.
