Max : L’écriture en Français coule de source pour notre groupe. Artistiquement, nous ne voulions pas renouer avec l’Anglais et souhaitions arpenter de nouveaux chemins. Plein d’artistes Français comme Polnareff font partie de nos influences même si l’écriture en Anglais est plus aisée. L’intimité ressort davantage dans la langue de Molière et avec Jon nous avions besoin de nous dévoiler un peu plus à notre public.
Pour ce troisième disque, nous avons écrit chacun les textes que nous chantons.
Diego : Et en parlant de textes, les chansons d’amour sont-elles un sujet inépuisable ? Et souvent des histoires qui finissent mal !!!
Jon : Pourquoi elles se passent bien les tiennent ? (rires)
Diego : Je ne me plains pas !
Jon : Ce qui ressort de l’écoute de l’album par notre entourage proche est que nous nous adressons l’un à l’autre. Comme si nos histoires d’amour respectives étaient des lettres ouvertes à notre frère. Je pense qu’on écrit de la musique principalement lorsqu’on souffre.
Max : La raison est simple, lorsqu’on est heureux, on a rien à sublimer. On se contente de débrancher son cerveau.
Jon : J’ai remarqué que j’écoutais plus d’émissions et de podcasts quand je vais bien et plus de musique quand je vais mal ! Probablement un mécanisme classique car j’assimile l’expression de devoir jeter sur du papier en écrivant mes sentiments lorsqu’ils sont synonymes de conflits et de tristesse.
Diego : D’ailleurs d’où vient l’inspiration d’une chanson comme « Pourquoi » ? Un homme qui n’aime pas son enfant…
Jon : Nous réglons nos comptes avec notre père… des blessures anciennes mais toujours vivaces. Nous sommes moins pudiques sur ce disque et avons pris de l’âge. La transition est passée, l’amour devient sérieux, nous nous assumons et cette problématique paternelle était nécessaire dans notre démarche.
Diego : Autre sujet plus léger, comment avez-vous rencontré Clou pour le duo « Mexico » ?
Jon : Lors d’une soirée avec d’autres artistes. Nous avions des amis communs et à la fin de l’écriture de notre disque, nous souhaitions nous ouvrir aux autres. Nous avons contacté Voyou, Zahia Dehar, Giovanni et Clou pour des featurings.
Max : La première intention était de partager par rapport à nos productions passées.
Diego : Côté visuel, la pochette de votre dernier album est très kitsch, d’où vient cette idée ?
Jon : Nous avions besoin de montrer un environnement familier et cette cuisine est une reproduction de celle de notre enfance chez nos grands-parents. Une réplique de nos souvenirs car la maison comme les grands parents ne sont plus de ce monde. On dirait des gosses lorsque nous sommes attablés avec nos croissants !
Diego : Lorsqu’il y a une décision musicale importante, lequel de vous deux a le dernier mot ?
Max : C’est pas moi !
Jon : J’ai pour habitude d’essayer de me faire entendre par Max mais c’est probablement le rôle du grand frère…
Diego : Pour revenir à l’image, où a été tourné le clip de « Maryland » ?
Max : Dans le secteur d’Outreau sur une plage de Picardie.
Jon : Notre copain Romain Daudet-Jahan qui a réalisé le clip a fait pas mal de repérages et l’endroit est assez désert excepté le bunker où est filmée la fête finale. L’aspect « perdu nulle part » est voulu.
Diego : Concernant le titre « Time For a Change », pourquoi le revisiter seulement 10 ans après sa publication originale ?
Jon : Justement pour fêter l’anniversaire des 10 ans ! Beaucoup de choses se sont passées depuis notre premier album et nous souhaitions commémorer cet anniversaire avec Luc Blanchot, arrangeur et producteur (Nda : de BigFlo et Oli). Il a proposé un rework disco de « Time For a Change » et nous avons fait appel à Liv Del Estal.
Diego : Et des singles ou EP comme « Imperfections » sorti en 2019 permettent une transition entre deux albums !
Jon : C’était le but de « Imperfections » et les rééditions d’albums agrémentées de bonus-tracks servent également de phases transitoires. Inédits et remix sont utiles. Actuellement nous finissons notre quatrième album dont l’enregistrement est programmé pour cet hiver. De nouveaux titres seront disponibles dès le printemps.
Diego : Comme Bowie, la solitude est-elle un de vos sujets de prédilection ?
Jon : C’est un compagnon très fort. Nous sommes différents et Max à l’indépendance du chat alors que j’ai plutôt le tempérament d’un chien qui ne peut vivre seul. Nos solitudes sont opposées et la mienne m’a soufflé pas mal de textes de chansons.
Diego : Vos qualités mélodiques ont déjà été soulignées par mes camarades journalistes mais vous a-t-on relevé votre côté soul que je ressens dans vos compositions ?
Jon : C’est très gentil !
Diego : Il ne manque que Nile Rodgers lorsqu’on entend « You Dare » de 2013 ou « L’Histoire à l’Envers » de 2023 !
Jon : C’est un compliment et merci car nos mélodies ne sont pas qu’une suite de notes mais également une cadence et une rythmique. « L’Histoire à l’Envers » à un rythme syncopé et nous avons digéré pas mal d’influences sans nécessairement nous en rendre compte.
Diego : Même si Nile Rodgers est probablement hors budget, quels sont vos grands albums ?
Max : « Abbey Road » des Beatles et « Breakfast in America » de Supertramp. C’est grâce à eux que j’ai joué du saxophone !
Jon : « Bossa Nova » des Pixies et de la musique classique comme Chopin, Bach, Debussy et
Max : Je pense que c’est grâce à toutes ces expériences que nous avons appris les arrangements que nous utilisons dans nos chansons incluant des accords avec des contrepoids classiques. Bach peut être très pop dans certains accords !
Diego : Je n’ai malheureusement pas vos compétences respectives pour en juger ! Et la scène ?
Max : Déjà nous ne nous sommes jamais sentis aussi bien sur scène ! Edith à la batterie est incroyable et nous jouons les chansons des fans et même parfois certaines que les gens découvrent sans savoir que c’était Elephanz ! Un condensé de 13 ans de musique avec l’intérêt d’arrangements plus punk et rock que dans les originaux.
Jon : Un groupe de rock qui joue avec un bon mur de son !
Diego : La musique rend les gens heureux et c’est tout l’intérêt des concerts ! Avez-vous un rituel avant d’entrer en scène ?
Max & Jon : On se tapote le dos, un câlin collectif à trois !
Diego : Pour finir, les plus beaux concerts vécus en tant que spectateur ?
Max : Très bonne question ! Récemment Martin Luminet au Café de la Danse… et M sur la tournée « Onde Sensuelle » en 2000.
Jon : Oui nous étions ensemble et jeunes pour M ! Sinon OMOH à La Boule Noire en 2023, ce sont les musiciens de Julien Doré.
Max : Et les Pixies en 2008 !
Diego : Les Pixies qui jouent très fort et qui reviennent en 2025. Merci les gars et rendez-vous à Barbey en novembre !
Max & Jon : Merci à toi !