Du 27 janvier au 18 février 2023, les Galeries Bartoux accueillent la première exposition personnelle consacrée à Bruno Catalano. L’exposition « Matière » conjugue un parcours interactif et immersif à travers des installations qui retracent 30 ans de sculpture dans l’atelier de l’artiste. Il présente un ensemble d’œuvres et les coulisses de leurs créations et reconstitue l’atelier. Une installation numérique unique, interactive et immersive créée par EBB. Global, concourt à l’accompagnement du parcours.
Après plus de 10 ans d’étroite collaboration, il était naturel pour les Galeries Bartoux de proposer un environnement de 500 m² sur trois niveaux sur l’avenue Matignon pour offrir cette expérience artistique visuelle et sensorielle unique, mettant en valeur les œuvres classiques de Bruno Catalano. Un environnement immersif où images, sons et lumières sont activés par les actions des visiteurs.
Cette première exposition personnelle du sculpteur marseillais est une exploration approfondie de la démarche de l’artiste et de l’univers de sa collection phare « Voyageurs ». Le parcours dans les salles de la galerie est conçu comme une expérience interactive qui accompagne le visiteur dans la découverte de l’intimité de l’artiste.
A travers des reconstitutions de l’atelier de l’artiste, des recherches préparatoires inédites, et un ensemble de sculptures monumentales présentées en animation panoramique, l’exposition « Matière » emmène les visiteurs dans différents univers entourant l’œuvre. Elle évoque les histoires d’hommes et de femmes qui ont servi de modèles, ainsi que les étapes de la vie de l’argile, du plâtre, de la cire et du bronze. Tant de matière devenant émouvante sous les mains du sculpteur.
Un opéra visuel et sonore imaginé avec la compagnie EBB. Global, « Matière » invite le public à découvrir l’univers du sculpteur et de ses modèles. L’exposition est également conçue comme un parcours pédagogique, permettant de découvrir et de comprendre les différentes techniques sculpturales que l’artiste utilise dans son processus de création.
Parcours d’exposition
L’exposition « Matière » offre aux visiteurs une expérience sensorielle et immersive au cœur du travail de Bruno Catalano, mettant en avant l’univers de l’artiste, son processus de création, les matériaux et la production de ses œuvres. L’exposition prend la forme d’un parcours narratif, divisé en trois chapitres et se déroulant sur les trois niveaux de la galerie. Chaque niveau doit présenter une des étapes du travail de Bruno Catalano et de la vie de ses œuvres.
Chapitre 1 au sous-sol… la genèse des voyageurs
Le sous-sol est conçu pour être intimement immergé au centre de l’œuvre de l’artiste dans un opéra lumineux, visuel et sonore. Dans la pénombre de la salle principale, plusieurs œuvres de figures en plâtre assemblées sont exposées. Plus loin, l’atelier d’artiste est reconstitué. Baigné d’une douce lumière, le modèle original en terre cuite trône fièrement au centre de la pièce. Dans la troisième salle, un groupe d’hommes en scan représente une chorale. Des détecteurs de mouvement placés autour de l’ensemble déclenchent des lumières et des notes de musique au passage des visiteurs. A travers leurs déambulations, les visiteurs deviennent les chefs d’orchestre de la création de cet opéra.
Chapitre 2 au rez-de-chaussée… la vie des voyageurs
Benoit © Nicolas Cordato
La deuxième étape du parcours présente un ensemble de sculptures de la série iconique des Voyageurs. Un livre, un catalogue et un livre d’images à colorier pour enfants, autour de l’œuvre de Bruno Catalano, complètent la visite. L’exposition présente également une collection de photographies des œuvres de Bruno Catalano, prises par des membres du public du monde entier, imprimées en éditions limitées et vendues au profit du Secours Populaire.
Expo sur la plage d’Arcachon 2021 © André Tirlet
Chapitre 3 à l’étage… la vie des voyageurs
Les visiteurs déambulent à l’étage parmi les voyageurs et s’immergent dans leurs univers, d’un port industriel dans la brume matinale, au crépuscule, en plein jour, sur la mer, en centre-ville… Au pied des escaliers, un grand écran diffusant des vues panoramiques parmi lesquelles les sculptures évoluent, en son sein, accueille les visiteurs. Ombre et lumière, miroirs et brume mystérieuse, faisceaux lumineux, éclairage synchronisé : les sculptures deviennent acteurs d’un théâtre d’ombres. Comme la jetée, plusieurs bancs face au panorama permettent aux visiteurs de profiter du spectacle. Le paysage se construit et se déconstruit sans cesse, rappelant le jeu du plein et du vide qui constitue la sculpture : le vide que les voyageurs cherchent à combler au cours de leurs voyages, le plein des rencontres humaines et des émotions partagées. Les paysages vivent et respirent, offrant à chaque spectateur une liberté d’interprétation.
A propos de l’œuvre de Bruno Catalano
Tryptique © Observascope
Sur le chemin suivi par Bruno Catalano, l’art est l’expérience de la technologie et des matériaux. Mais l’art est aussi une observation particulière de la nature humaine, une sensibilité cultivée et partagée dans la fabrication de l’œuvre. Sa série Voyageurs est devenue iconique en quelques années, démontrant toute l’intensité du jeu. Dans la diversité des modèles que représente l’artiste, il est interpellé par une attitude, un détail qui cache une forte humanité. Il en tire des figures de bronze. Elles représentent des hommes, des femmes et des enfants, qui portent leurs bagages et marchent en avant, animés d’une volonté que le public peut librement imaginer.
Hubert © Giorgia Chinellato
En fin de compte, peu importe où cela commence et où cela finit. Les sculptures de Bruno Catalano figent le temps autour de ces trajectoires personnelles et anonymes, laissant place à l’introspection. Contours évasés, fentes physiques, déchirés comme du papier au milieu. Le buste flotte miraculeusement sur les jambes. Seule une valise pleine peut relier la tête pensante aux pieds qui marchent. Les gestes du sculpteur font écho à des émotions universelles, suggérant l’absence, la privation, la séparation comme éléments constitutifs de toute identité. Il ne faut pas longtemps pour se rendre compte que les œuvres de Bruno Catalano sont traversées, sinon dominées, par le paysage dans lequel elles s’inscrivent.
Dans son travail, les images sont rehaussées d’une puissance métaphorique, voire onirique. Parce qu’elles parlent aux sentiments spécifiques de chacun et parviennent aussi à éveiller une émotion secrète, cohérente et inscrite dans notre chair. Bruno Catalano raconte comment la vie elle-même façonne les visages et les corps, et comment les flux, les rassemblements et les déplacements humains finissent par construire et animer les villes. Ses sculptures sont bien sûr en cire et en bronze, mais elles sont aussi l’expression d’un art avant tout démocratique. Un art qui fait que chaque figure est un monument à une humanité intime. Bruno Catalano voit des héros dans la peau des gens ordinaires.
J4 @ Salavtore Matarazzo
A propos de Bruno Catalano
L’artiste des Voyageurs, Bruno Catalano va de visage en visage le temps d’une sculpture, essayant de capturer dans chacun de ses modèles le bagage unique qu’il porte avec lui. La série devenue iconique se poursuit depuis 1995 comme un point de résolution pour l’épopée familiale et un nouveau départ pour une aventure artistique.
Lorsqu’il est né au Maroc en 1960, il était déjà le fruit de divers voyages. Sa famille est d’origine française et italienne, dont les ancêtres juifs ont été expulsés d’Espagne au XVe siècle et se sont réfugiés en Sicile avant de s’installer en Afrique du Nord. Il a dix ans lorsqu’ils quittent le pays pour s’installer à Marseille. Puis, formé comme électricien par son père, il débute sa carrière à 20 ans en travaillant à bord d’une compagnie maritime avant de rejoindre la SNCM.
La foule © Christophe Richaud
Il est encore loin de l’art, mais cette expérience joue un rôle déterminant dans la construction de sa sensibilité. Il découvre d’abord l’artisanat des masques en cuir avec des amis, puis se consacre à l’argile dès 1991. Déterminé à maîtriser la matière, il participe à des ateliers de modelage et de dessin, et complète une formation autodidacte par la lecture. Petit à petit, Bruno Catalano s’installe dans son propre atelier, achète son propre four et finit par faire de la sculpture son activité principale. Elle obtient une reconnaissance officielle en 2001 lorsque la mairie du 5e arrondissement de Marseille lui commande la réalisation d’un buste d’Yves Montand pour décorer le parvis qui lui est dédié. Ainsi, il a été le pionnier de la production d’œuvres d’art publiques, qui deviendra le cœur de son travail.
Vue de la fonderie Barthelemy, Crest France © fonderie Barthelemy
Pendant ce temps, Bruno Catalano a toujours voulu perfectionner ses interprétations, recherchant toujours plus de justesse et d’authenticité dans l’expression de ses personnages. Cependant, sa pratique prend un nouveau tournant lorsqu’en 2004, une invention officielle sort de son atelier. Un simple accident de fonderie a ouvert une brèche dans le corps de la sculpture et les habitudes de l’artiste. Il décide de saisir l’accident et de faire de la déchirure du matériau un élément central de sa production ultérieure.
Les écorchés © Christophe Richaud
Des premières statuettes du début, il commence à créer de plus en plus de statues monumentales, de plusieurs mètres de haut, toujours en bronze, parfois rehaussées de couleur. Aujourd’hui, il continue d’exercer le métier de sculpteur au sens plein du terme, c’est-à-dire touchant autant la matière qui compose son œuvre que la matière immatérielle qui façonne l’existence humaine.
Infos Pratiques
Exposition « Matières » de Bruno Catalano / du 27 janvier au 18 février 2023 / Tous les jours de 10h30 à 20h / accès gratuit.
Galeries Bartoux / 5 avenue Matignon 75008 Paris / paris@galeries-bartoux.com / +33 (0)1 42 66 36 63
Ema Lynnx