Lorsqu’on évoque la « musique Belge », les premiers noms qui viennent à l’esprit sont Jacques Brel, Stromae, Selah Sue ou Angèle. Le mélomane y ajoutera K’s Choice, Front 242, Arno et les excellents dEUS.
dEUS – 1991/2023
Formé en 1991, le groupe de Tom Barman originaire d’Anvers a produit 8 albums dont certains ont durablement marqué la scène underground (« The Ideal Crash »). Réputé pour expérimenter toutes les facettes du rock en y ajoutant quelques notes acoustiques et électroniques, il est devenu en 30 ans de carrière une référence scénique. C’est avec le guitariste Mauro Pawlowski (ex Evil Superstar) que le combo revient après 5 ans de pause pour défendre l’album publié en juin 2023. Il ne reste que le chanteur / guitariste et le violoniste Klaas Janzoons du quintette initial mais le spectacle d’ 1h45 auquel vont assister les Bordelais prouve que les changements de membres n’affectent pas la qualité indéniable des shows.
LE CONCERT au Krakatoa à Mérignac
S’il fallait définir l’homogénéité d’un groupe rock sur scène, dEUS pourrait être cité en exemple. Outre la batterie, les 4 autres musiciens sont alignés au plus près des spectateurs sans qu’aucun d’eux ne soit mis en avant. Ils frappent fort d’entrée de jeu avec les meilleurs titres récents comme « How To Replace It » et « Man Of The House » entrecoupés par le sautillant « The Architect ». Tom Barman est bavard, il présente certains morceaux des premiers albums (‘WCS », « Fell Off The Floor, Man ») et la tension monte graduellement pour atteindre une forme de jouissance musicale. « Instant Street » est un parfait exemple de l’ampleur qu’un titre prend en concert lorsqu’il est parfaitement exécuté. Single issu de leur plus bel album en date de 1999, il relate l’insatisfaction et le mécontentement d’une personne à la recherche du désir. L’introduction acoustique amène un déluge électrique dans lequel les 5 protagonistes excellent.
Précédemment, ils interprétaient « Quatre Mains » en Français sur fond d’une rythmique envoûtante. Tantôt Gainsbourg et souvent rock, dEUS mélange les styles avec classe et subtilité. L’expérience se réitère sur « Le Blues Polaire », titre récent qui clôture la dernière livraison discographique. Même si les albums sont qualitativement inégaux, les prestations scéniques sont très relevées. « Bad Timing » interprétée avant le rappel est un autre grand moment du show. 7 minutes durant lesquelles Pawlowski répète inlassablement le même riff glissé alors qu’Adam Govaert avait donné le ton avec sa basse. Le set est calibré depuis quelques mois et la qualité des éclairages et du rendu sonore méritent d’être soulignés. L’accueil doit être sympathique en backstage car Barman remercie Didier (le directeur de la salle) et sa femme pour ce nouveau passage au Krakatoa (le 6ème depuis l’ouverture en 1990). Pour finir, le fiévreux « Sun Ra » retentit après que le chanteur ait effectué une percée dans le public, guitare en mains ! Preuve de sympathie, ce dernier retrouvera les fans après le concert pour discuter ou prendre un selfie au niveau du merchandising. Un concert excellent comme on aimerait en voir plus souvent !
Diego OnTheRocks
Photos : Jessica Calvo Photographe