Le plus « Authentik » des groupes de rap et précurseur du hip-hop en France passe en Gironde dans le cadre d’une tournée annoncée comme « La Der » après 30 ans de bons et loyaux services. La foule des grands soirs envahit l’arena, beaucoup de quadragénaires fans de DIDIER MORVILLE et BRUNO LOPES depuis les 90’s marqués par 4 albums plus ambitieux les uns que les autres. NTM a promis de mettre le feu… ça va être le cas dans un festival de basses explosives mixées aux cris du Jaguar!
POPOPOP!
Les lascars du 93 sont devenus hommes d’affaires et l’essence frelatée au rhum qui coule dans les veines de JOEY STARR enflamme littéralement la scène dès lors qu’il l’investit. Avec KOOL SHEN, ils vont effectuer une démonstration renforcés par un duo de DJ (PONE & R-HASH) perché sur deux échafaudages mentionnant « 9 » et « 3 », département d’origine des rappeurs. L’époque des MJC est lointaine et SUPREME NTM va distiller un éventail de ses disques qui ont eu un succès exponentiel. Pas de « Fièvre » durant des heures mais « Qu’est-ce qu’on attend », « Passe le oinj » et « Tout n’est pas si facile » en guise d’hors d’oeuvres afin de chauffer une salle motivée et enfumée. En espérant ne pas me tromper sur les nombreux invités présents avec le groupe sur scène, BUSTA FLEX, RAGGASONIC, NATHY et LORD KOSSITY viennent régulièrement donner de la voix pour assister JOEY et KOOL SHEN. A plus de 50 piges, les avant-gardistes d’un style qui n’était pas censé durer longtemps s’arrachent les trippes. Trio ou quatuor (« Aiguisé Comme Une Lame », « Fallait k’Sa Bug », « L’Avenir Est à Nous », « Antêté », « Ma Benz » ou « IV My People » en rappel), c’est le collectif qui prime. Côté décor, 3 lettres géantes au nom du groupe ornent le fond de scène et servent d’écran sous les puissantes lights très efficaces. DIDIER et BRUNO arpentent de long en large leur salle de jeu d’un soir et n’hésitent pas à interpeller le public dès que l’ambiance semble retomber. Ce qui peut surprendre dans un concert rap, c’est l’absence d’applaudissements et les discours relativement courts des protagonistes. Il faut dire que les textes se suffisent à eux-mêmes, il suffit d’écouter « Police » pour s’en convaincre, doigt (majeur) levé! A l’issue de ce titre, JOEY déclarera qu’il ne faut pas s’en prendre à l’individu dans l’uniforme mais à ce qu’il représente, à savoir l’état!
BORDEAUX SOUS LES BOMBES.
Une brochette de tubes va saisir le spectateur à la gorge pour ne plus le lâcher. « Paris Sous Les Bombes », « Seine Saint Denis Style », « Popopop! » et « Laisse Pas Trainer Ton Fils » calment le branleur en survet (en fosse) comme le bobo Bordelais en costard (en gradin) venu voir LA référence du rap. Un public hétéroclite pour un concert qui défonce dans tous les sens du terme. Set-list efficace, textes provocateurs et de l’énergie à revendre sont gages d’un succès sur lequel surfe NTM depuis leur premier album. A cet effet, aucun morceau d’ « Authentik » n’est interprété ce soir… dommage pour « Le Monde De Demain » titre référence du groupe. Idem pour « La Fièvre » de 1995.
Fin novembre, SUPRÊME NTM clôturera cette ultime tournée et sa carrière à Paris-Bercy. Une chose est sûre : les prestations scéniques ensemble de JOEY STARR et KOOL SHEN manqueront au paysage musical Français. Loin d’être sensible à ce style, ce soir j’ai pris une claque en pleine tête grace au rouleau compresseur du 93. Une belle histoire dont la seule équivalence est I AM, à une échelle moindre. Paris ou Marseille, faites vos jeux…
Diego OnTheRocks
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