L’incroyable concert de Roger Waters (Pink Floyd) à l’Accor Arena de Paris.
ROGER SANS FLOYD
5 ans après son dernier concert Parisien, Roger Waters âgé de 79 ans revient plus en forme que jamais. Fondateur d’un des groupes de rock les plus novateurs de sa génération, il composa les meilleurs albums de Pink Floyd publiés dans les années 70. A l’issue de cette période, de nombreux conflits artistiques ont opposé les membres expliquant l’éternelle animosité entre Waters et Gilmour. Depuis 30 ans, Roger a publié 4 albums solo, des bandes originales et un opéra pour le couple Roda-Gil. Il a également continué à se produire en concert durant plusieurs tournées entre 1990 et 2020.
CONCERT MONSTRUEUX ET POLITIQUE (AVEC FLOYD…)
L’artiste qui n’a pas sa langue dans la poche a récemment été accusé d’antisémitisme suite à ses propos propalestiniens et à l’uniforme qu’il arbore en concert proche du style Hugo Boss des années 40. Pour cette tournée 2023, la scène en forme de croix est monstrueuse et servira d’écrans géants durant tout le set rappelant le concept adopté par U2 en 2015.
« Confortably Numb » ouvre le bal dans une version sombre revisitée par des grondements de tonnerre et de puissants chœurs. Avant le show, l’écran précisait que ceux qui ne sont pas contents des prises de position de Roger Waters peuvent « aller se faire foutre au bar ! » Le ton était donné et la gigantesque scène révèle les musiciens judicieusement répartis. « The Wall » va rapidement être interprétée pour le bonheur de tous, moment unique d’entendre cette chanson par son compositeur d’origine. La politique prend une place importante dans le discours du chanteur qui fustige le capitalisme et les oligarques. Des images de manifestations, de débordements policiers (dont George Floyd) et des prises de parole d’anciens présidents Américains sont affichés alors que raisonnent des titres plus personnels (« The Powers That Be« , « The Bravery of Being Out of Range« ). Le premier grand moment du concert arrive : « Have a Cigar » suivi de « Wish You Were Here » et « Shine On You Crazy Diamonds« , le public jubile sur ce triptyque incroyable. L’hommage à Syd Barrett est grandiose et les images soigneusement choisies pour ne voir que les membres originels du Floyd. Roger raconte son pote d’enfance Syd et l’heure de l’entracte arrive après les moutons volants de « Sheep« .
DARK SIDE OF WATERS
20 minutes plus tard, le rock va prendre le dessus. Waters revient accoutré de son long cuir type gestapo en arborant le brassard « marteaux croisés » de « The Wall » pour les puissants « In The Flesh » et « Run Like Hell« . Le disque date de 1979 mais le film mythique d’Alan Parker ne fut réalisé que trois ans plus tard. Dans la torpeur de Bercy, un cochon volant (mentionnant « Tuez les pauvres ! ») a remplacé les moutons… Côté scénographie c’est la grande classe, le chanteur multi-instrumentiste change régulièrement d’emplacement pour ne léser aucun spectateur et les écrans diffusent images du concerts et animations diverses avec une qualité incroyable. La prouesse technique valorise d’autant plus les solos de Dave Kilmister (guitariste) et de Seamus Blake (saxophone), tout est réglé comme une horloge tant la technologie est omniprésente.
L’autre moment sensationnel du spectacle restera le medley issu de « Dark Side Of The Moon » dont Roger interprète les 5 derniers titres. L’album vient de fêter ses 50 bougies, « Us and Them » est magique même si « Money » est logiquement plus plébiscitée, le public est aux anges et le rappel s’annonce.
La méconnue « Two Suns In The Sunset » est dépoussiérée de « The Final Cut« , Roger remercie les trois personnes ayant de l’importance dans sa vie : Bob Dylan, sa femme Kamilah et son frère John. Autour du piano, les artistes entonnent une reprise de « The Bar » en buvant des shots de Mezcal, bouteille qui trônait en évidence aux côtés d’une eau Abatilles bien connue des Girondins que je représente en salle ! Le show se termine avec un tour d’honneur sur cette superbe structure, d’abord en groupe puis seul, permettant à Waters de repartir vers de nouvelles contrées. Avis aux fans baroudeurs, « This Is Not a Drill » (Ce n’est pas un exercice) annoncée comme la tournée d’adieu sera prochainement en Argentine et en Uruguay ! Un bijou musical et conceptuel qui laisse des étoiles plein les yeux. #wishyouwerehere forever !
Texte et photos : Diego OnTheRocks