Lors de la vente aux enchères « Bijoux », Aguttes proposera 21 pièces de haute joaillerie issues d’une collection privée, le 6 juillet 2023 à Neuilly-sur-Seine. Cet ensemble de pièces originales met en scène un voyage créatif de 40 ans entre l’Europe et les États-Unis, témoignant de l’œil aiguisé, de la confiance et du goût unique d’une collectionneuse italienne.
21 pièces de Haute Joaillerie. Audace et élégance d’une collectionneuse italienne
En découvrant ces 21 création, l’experte en joaillerie Philippine Dupré la Tour a tout de suite remarqué que l’ensemble était à la fois cohérent et unique. La collectionneuse italienne, forte de son bon goût, a jeté son dévolu sur des œuvres colorées de différentes époques. Contrairement à de nombreux amateurs, avec audace et élégance, elle ne s’est pas limitée à un ou deux créateurs ; la collection rassemble les bijoux des plus grands d’entre eux… Bulgari, Mauboussin, David Webb, Cartier, Codognato, Van Cleef & Arpels et Sterlé.
Soigneusement sélectionnées au fil des décennies, ces pièces au style distinctif révèlent la personnalité audacieuse de leur propriétaire, alliant savoir-faire et personnalité. Certains bijoux se démarquent également par leur monumentalité. On se laisse surprendre en passant d’une création à l’autre. Chacune de ces pièces est chargée d’émotion et d’histoire, mettant en valeur le style de la maison de haute joaillerie et ses influences de l’époque des années 1930 à 1970.
Une collection exprime à merveille une personnalité, et on comprend ce qui motive les choix de ceux qui l’ont créée. 21 créations de Haute Joaillerie. Audace et élégance d’une collectionneuse italienne nous conte ses coups de cœur et ses voyages, dans un univers où les bijoux font partie de la tenue vestimentaire et de la vie de chaque propriétaire.
21 œuvres joaillières de 1930 à 1970… Florilège
Trabert & Hoeffer Mauboussin, la double provenance est devenue rare
Le 6 juillet 2023, Aguttes mettra aux enchères un bracelet reproduit au poignet du modèle de l’illustration de Horst. En décembre 1938, le magazine Vogue mentionne avec justesse « Trabert & Hoeffer – Mauboussin ». Un Certificat d’Authenticité Mauboussin, délivré par Marguerite de Cerval, accompagne ce bijou serti de rubis et de diamants et gravé Reflection.
Le bracelet, également issu de cette collection Reflection, a été réalisé pour l’actrice Paulette Goddard, composé d’émeraudes et de diamants, reproduit dans le livre « Mauboussin » (Editions du Regard, 1992, p. 141). Son mari, Charlie Chaplin, a offert à l’actrice le joyau pour répondre à sa déception de ne pas avoir été choisie comme interprète principale du film Autant en emporte le vent.
Trabert & Hoeffer Mauboussin est une double provenance devenue rare, montrant New York et l’entre-deux-guerres. A New York en 1924, Mauboussin remporte le Grand Prix de la French Exposition, contribution américaine qui lui vaut l’ouverture de sa première boutique sur Park Avenue. Une succursale en Floride et un deuxième magasin à New York s’ouvrent bientôt, mais la crise de 1929 interrompt cette expansion. En mars 1936, le New York Times annonce l’association de Mauboussin avec la firme américaine Trabert & Hoeffer, qui se prolongera jusqu’en 1953. Ce dernier, joaillier des stars, a de fidèles clientes telles Ingrid Bergman, Paulette Goddard et Audrey Hepburn, il s’appuie sur une notoriété très établie. Le magazine Vogue lance cet été-là la première campagne publicitaire Trabert & Hoeffer – Mauboussin Inc., ainsi que le concept à succès Reflection. Il s’adapte ainsi aux moyens et aux préférences de ses clients. Trabert & Hoeffer – Mauboussin, adaptable et créatif, définit cette collection comme « le moyen idéal d’exprimer son individualité en joaillerie […] et notre collection actuelle est la plus importante de notre histoire qui saura plaire à tous les goûts ».
Bijoux Codognato pour Gabrielle Chanel
Codognato est une maison de joaillerie vénitienne renommée fondée en 1866, connue pour ses créations audacieuses et surréalistes, qui ont été portées par des célébrités telles que la duchesse de Windsor et des membres de la famille royale italienne.
En 1920, Gabrielle Chanel se rend à Venise avec ses amis Serts pour se consoler de la mort inattendue de son grand amour, Boy Capel. La créatrice a certainement dû découvrir la maison Codognato à cette occasion. Les broches de style moretto, très populaires à cette époque, utilisaient généralement des pierres précieuses colorées associées à de l’émail, montrant un Orient rêvé. Essayant apparemment de suivre la tendance, Gabrielle Chanel a commandé l’une des broches de Codognato. Un document d’époque de la Maison vénitienne prouve que cet important clip a été réalisé pour la créatrice. Serti d’une importante émeraude de plus de 180 carats, de diamants, d’ébène et d’ambre, ce bijou spectaculaire complète les innovations audacieuses de la créatrice de mode.
« La mode se démode, le style jamais » selon Coco Chanel
Fidèle cliente, elle acheta de nombreuses pièces joaillières pour sa collection personnelle jusque dans les années 50, et parmi elles, les fameux rangs de perles que l’on connaît, un collier de jade très pâle acheté à la Maison Codognato.
Bulgari, innovante et intemporelle
Fondée en 1884, la marque italienne Bulgari est connue pour ses pièces innovantes et intemporelles. À partir des années 1960, elle utilise des pierres précieuses taillées en cabochon dans plusieurs de ses créations, comme en témoigne ce collier ruban, réalisé dans les années 1970.
Les dômes lisses de pierres colorées, juxtaposées aux diamants, donnent aux créations Bulgari une personnalité distincte et une esthétique singulière. La section hexagonale imite parfois les écailles d’un serpent, notamment pour les pièces Serpenti qui peuvent onduler comme les reptiles qu’elles représentent, et parfois les alvéoles de nid d’abeille qui donnent une grande souplesse aux bijoux.
David Webb appelé aussi le « Fabergé du 20e siècle »
Le joaillier américain David Webb (1925-1975) a marqué la joaillerie dans les années 1960, débutant sa carrière comme apprenti chez un joaillier à New York avant d’ouvrir sa propre boutique à Manhattan en 1948. Ses créations audacieuses et avant-gardistes se démarquent des styles traditionnels de l’époque et gagnent rapidement en notoriété.
Maître de la technique de l’émaillage, qui consiste à revêtir des surfaces métalliques de couches de verre en fusion pour créer des motifs et des couleurs éclatantes, il a été surnommé « Fabergé du 20e siècle » par la rédactrice de mode Diana Vreeland. Cette comparaison des plus incroyables met en lumière les prouesses artistiques et techniques de David Webb en tant que créateur de bijoux.
Parmi ses clients notables et fidèles figurent la duchesse de Windsor, l’actrice Elizabeth Taylor et la Première Dame américaine Jacqueline Kennedy Onassis. Cette dernière a fait venir le joaillier à la Maison Blanche pour lui demander de réaliser des cadeaux diplomatiques.
Les bijoux David Webb se caractérisent par des couleurs vibrantes qui ressortent grâce à l’émail et à une grande variété de pierres précieuses et fines telles que les saphirs, les émeraudes, les rubis, les tourmalines et même les améthystes et les citrines. Il aimait créer des œuvres étonnantes, singulières et amusante.
Comme l’atteste ce bracelet « Hippopotame », ses bijoux s’inspirent souvent de la nature, des fleurs, des coquillages, et surtout de surprenants animaux. Les créations de David Webb sont audacieuses et simples, comme cet hippopotame, elles ne sont jamais trop compliquées ni surchargées, tout en restant à la fois modernes et intemporelles.
Plusieurs des modèles qu’il a créés sont encore très célèbres aujourd’hui : le Twin Frog Bracelet apparaissant dans la vente aux enchères de la succession de la duchesse de Windsor, le Zebra Bracelet de Diana Vreeland, émail blanc et noir, et les bracelets en or avec la technique du repoussé, représentant parfois un crocodile, un léopard ou un hippopotame. En plus de cette jungle de joyaux, il y a une troupe de singes farceurs en clip ou en broches, et bien d’autres sortes de bêtes. Un bracelet Twin Frog et un ensemble de singes farceurs figurent également dans le catalogue Aguttes du 6 juillet 2023.
Infos pratiques
Aguttes – 164 bis avenue Charles-de-Gaulle – Neuilly-sur-Seine
Vente aux enchères publiques « Bijoux », le 6 juillet 2023 à 14h30 / Exposition sur rendez-vous jusqu’au lundi 3 juillet (+33 (0)1 41 92 06 47) / Exposition publique : Mardi 4 et mercredi 5 juillet : 10 h – 18 h et Jeudi 6 juillet : 10 h – 12 h.
André Tirlet