Redéfinir le luxe horloger
Dans un monde souvent fait de faux semblants, seules les montres dotées d’une ou de plusieurs complications devraient intéresser les amateurs avertis ou les collectionneurs. Voici le meilleur de ce que les horlogers nous ont présenté cette année.
Sans mentir, le vrai plaisir des experts en horlogerie et des amateurs véritables n’est pas de s’appesantir sur des montres dotées de seulement trois aiguilles – finalement fort communes, mécaniquement simples et parfois vendues plus chères que des pièces mécaniquement bien plus abouties – mais justement de se pencher ici sur ce que les maîtres dans la discipline offrent de mieux en matière de sophistications dédiées à la mesure du temps sous toutes ses formes.
Redéfinir le luxe horloger
Pour un horloger, il y a quelque chose d’un peu insultant que de voir des “collectionneurs” se battre pour obtenir à prix d’or des montres en acier ayant pour seule fonction
de donner l’heure. Comme nous le disait avec un brin de dépit un patron de marque, le problème tient à ce qu’aujourd’hui, une grande partie des consommateurs se cantonne à choisir une pièce pour l’image qu’elle véhicule et non pour la mécanique qu’elle contient ou les fonctions qu’elle offre. Une équation se pose alors et s’entend dès lors comme une règle intangible pour tous les univers passionnels : plus le nombre de clients augmente et plus la connaissance et le goût véritable pour ce qui fait l’âme du produit décroît. Afin d’éviter de tomber dans le piège de la facilité, il semblait par conséquent nécessaire de revenir à l’essentiel en présentant dans ces pages les montres de l’année les plus mécaniquement abouties.
Du plus simple au plus compliqué
Afin d’y aller graduellement dans la difficulté, nous commencerons donc par la plus simple mais aussi, la plus courante et la plus accessible des montres compliquées. Ceux qui suivent auront bien entendu deviné qu’il s’agit du chronographe. Ceux qui rêvent de ce produit auront l’embarras du choix. Une maison comme la très française LIP en propose à des prix ultra attractifs. D’autres, comme TAG Heuer avec la Carrera, Breitling avec les séries Premier ou Navitimer, Omega avec l’incontournable Speedmaster, Rolex avec l’Oyster Perpetual Cosmographe Daytona, Chopard avec l’Alpine Eagle ou Breguet, avec son Chronographe Marine sauront ravir les plus exigeants. Maintenant, on peut faire mieux en dotant cet instrument d’une fonction que les horlogers considèrent comme sa complication naturelle : la rattrapante. En sont équipés les modèles Monaco Split Seconds de TAG Heuer, le RM 65-01 McLaren W1 de Richard Mille ou à la Royal Oak Concept Chronographe Rattrapante GMT Grande Date d’Audemars Piguet. Avec ces produits, on atteint rapidement des prix stellaires mais ils se justifient car le mécanisme nécessaire pour mesurer des temps intermédiaires est complexe à
mettre au point et à réaliser.
Les temps longs de l’histoire horlogère
Autres spécialités horlogères appréciées de longue date : les systèmes permettant l’affichage d’informations calendaires. En premier, on retrouve le calendrier
complet. Lui ne tient pas compte des mois pairs et impairs et il faudra le corriger manuellement. Pour améliorer les choses, les horlogers ont depuis 20 ans mis au
point le calendrier annuel qui corrige ces irrégularités durant un an. Les maîtres ont aussi conçu des modèles capables de tenir compte des variations mensuelles,
mais également bissextiles avec le calendrier perpétuel. Quelques marques, parmi lesquelles Franck Muller et IWC, proposent des versions dites “Éternelles” dotées
de mécanismes ultra sophistiqués permettant de tenir compte de toutes les variations du calendrier grégorien, y compris celle appelée “séculaire”, dont la prochaine
interviendra en 2100. Parmi toutes les possibilités calendaires originales existantes, on notera la présence de calendriers spéciaux, comme le calendrier chinois
chez Blancpain.
Donner de la voix à l’heure
Bien entendu, ces merveilleuses impressionneront les connaisseurs mais il sera difficile avec elles d’attirer l’attention des gens n’ayant pas la culture horlogère
pour voir, à quelques mètres, combien la montre portée peut être rare et coûteuse. Voilà pourquoi les maîtres du passé ont imaginé des montres dotées de complications
plus démonstratives susceptibles, en plus de renseigner leurs propriétaires de l’heure qu’il est en musique, de leur offrir d’indiquer au public présent combien ils
n’étaient pas des hommes ordinaires. Parmi ces spécialités, on pense aux rares répétitions aux quarts, à celles peu courantes dites aux cinq minutes, aux étonnantes répétitions décimales – pourtant bien pratiques – et, bien entendu, aux célèbres répétitions minutes ou aux pièces disposant de la fonction de grande et petite sonnerie au passage.
Parmi les plus impressionnantes pièces proposées cette année, nous avons la montre L.U.C Full Strike de Chopard. La belle assurera à ses 20 futurs propriétaires d’avoir une sonnerie de répétition minutes encore plus puissante que la précédente série grâce à ses timbres spéciaux en cristal de saphir taillés en même temps que le verre, associés à un boîtier en titane céramisé, un métal reconnu par les experts comme le plus adapté pour garantir une expansion optimale du son. Soit dit en passant, la
puissance du son émis par l’Octo Roma Tourbillon Carillon ou par l’Octo Finissimo Minute repeater Full Carbon de Bvlgari est aussi impressionnante. L’une possède pour
elle d’avoir un calibre ajouré laissant de l’espace au son pour se développer et l’autre dispose d’un boîtier très léger, un atout à même de garantir une bonne expansion de l’onde sonore et ainsi retenir l’attention des puristes en quête de montres pensées comme le seraient des instruments de musique d’exception.
Alors, bien entendu, nous aurions pu évoquer les tourbillons, mais en dehors du Giga Tourbillon proposé par Franck Muller, il n’y avait pas grand-chose de plus que d’habitude sur le marché. Mais c’est déjà plutôt bien pour une année que les professionnels de la branche ont considérée comme étant une période de transition.
Vincent Daveau