Fondée en 2015, la maison Blancarré commence seulement aujourd’hui à présenter ses montres en France. Le 21 juin dernier, Nicolas Mertenat et son frère Claude ont organisé une rencontre avec la presse parisienne dans le cadre de l’Ambassade de Suisse, rue de Grenelle.
Carine Loeillet : Quel est votre parcours dans le secteur de l’horlogerie ?
Nicolas Mertenat : J’ai été designer, infographiste, chef de projet, puis responsable de département pour le design. J’ai collaboré à la fois avec de grandes marques de luxe parisiennes et suisses, comme Dior, Omega, Gucci ou Ebel. Aujourd’hui, j’enseigne l’horlogerie à la haute école d’art et de design de Genève.
Quels modèles avez-vous dessinés pour ces marques ?
Chez Dior Horlogerie, j’ai créé la « D de Dior » avec Victoire de Castellane, la « Chiffre Rouge » avec Hedi Slimane, puis j’ai travaillé sur le modèle Christal. Chez Omega, j’étais en charge du management d’une équipe de six designers et nous avancions en permanence sur une cinquantaine de projets.
Pourquoi alors vous être lancé dans l’aventure Blancarré ?
J’ai eu envie d’une rupture avec l’horlogerie traditionnelle et l’esthétique connue de la montre. L’idée était de dessiner une montre sans les contraintes horlogères classiques. Passionné par le minimalisme, j’ai élaboré un projet simple, à l’inverse des études que j’ai réalisées en tant que designer pour les maisons horlogères. Mon seul dessein était de dessiner la montre que j’aurais envie de porter.
D’où vient le nom Blancarré ?
Le nom de la marque s’inspire du concept du White Cube, cet espace vide mis à la disposition des artistes afin de leur permettre de s’exprimer sans aucune influence et en toute liberté. J’ai saisi l’occasion de mettre en valeur mon expertise horlogère à travers ce produit et d’en faire une sculpture de poignet. La démarche est par conséquent autant artistique qu’horlogère.
Ce projet est-il totalement personnel ?
Je rêvais de sortir de ma zone de confort, de lancer en effet un projet personnel et d’en faire une entreprise. Mais cela n’aurait pas été possible sans la compréhension de mes proches et l’implication familiale. Mes deux frères et moi avons mis en commun nos compétences pour créer cette entreprise familiale sans faire appel à des partenaires financiers extérieurs.
Sur quelles bases vous a-t-on fait confiance ?
Je connais tous les fournisseurs de l’horlogerie suisse, en particulier dans le Jura suisse où nous sommes installés. La montre est Swiss Made et à 85% jurassienne. Ses atouts principaux sont esthétiques et techniques, avec des composants assemblés séparément et donc, facilement réparables individuellement.
Pourquoi ce boîtier carré et uniquement six modèles ?
La boîte de forme carrée est particulièrement peu utilisée dans le monde horloger, c’était la première façon de nous démarquer. J’ai ensuite voulu éviter une collection trop large. Les six modèles sont dotés d’un mouvement mécanique à remontage automatique avec deux complications : la grande date à 12h et un second fuseau horaire à 6h. Ils sont composés de titane, céramique et caoutchouc, dans des tonalités qui se limitent au noir, au blanc et au gris.
Comment faites-vous connaître Blancarré dans l’Hexagone ?
Nous avons fait une présentation à l’Ambassade de Suisse à Paris le 21 juin dernier, lors d’un petit déjeuner de presse, avec des interventions de Patrice Jacquier, directeur du Swiss Business Hub France et de Félicien Girardin, Promotion Economique de la République et Canton du Jura.
Quel type de distribution avez-vous mis en place ?
Là encore, nous n’avons pas souhaité faire tout de suite appel à la distribution classique mais rester proche du client final. Lors de la phase de développement, nous organisons des événements, des rendez-vous dans des concept stores, des galeries d’art, des clubs. Autant que possible, nous souhaitons procéder à une vente directe auprès du consommateur. Dans quelques semaines, nous ouvrirons une boutique virtuelle, modélisée en 3D.
Comment envisagez-vous de développer votre réseau ?
Nous recherchons aussi quelques points de vente qui comprennent notre démarche, même s’il ne s’agit pas d’horlogers-bijoutiers. Nous cherchons à mettre en place des partenariats, par exemple dans des hôtels de luxe ou des tournois de golf, mais avant tout dans le monde de l’art et du design.
Etait-ce vraiment le bon moment pour lancer une marque horlogère ?
Oui, tout simplement parce que nous étions prêts. L’horlogerie évolue beaucoup depuis un an ou deux, en particulier dans sa manière d’aborder le produit. A nous de séduire le client en faisant preuve de patience et de persévérance.
Propos recueillis par Carine Loeillet