Rencontre
Audrey Jean-Baptiste a inauguré sa marque de joaillerie Semper Astra le 6 décembre 2024, sur le site www.semper-astra.com. Cette parisienne, ancienne avocate d’affaires et juriste internationale, a laissé derrière elle une carrière brillante pour se lancer dans la création de pièces uniques, souvent réalisées sur-mesure, suivie d’une collection de bijoux tout en ondulation, en or mat et gemmes de couleur.
Semper Astra revisite la joaillerie antique et classique dans une interprétation contemporaine et évolutive. Audrey Jean-Baptiste dessine chaque pièce, qu’elle fait ensuite fabriquer par deux ateliers partenaires à Paris et à Valenza (Italie) en or recyclé, diamants respectueux du processus de Kimberley et gemmes soigneusement sourcées. Une joaillerie déjà disponible sur semper-astra.com et bientôt sur une sélection de points de vente.
Audrey Jean-Baptiste a accordé un entretien au magazine Luxe Infinity pour évoquer le processus créatif de sa marque Semper Astra.
Luxe Infinity : Vous étiez avocate d’affaires puisavez occupé différentes fonctions juridiques en entreprise. Comment ce parcours vous a-t-il conduite à lancer une marque de joaillerie ?
Audrey Jean-Baptiste : Mon goût du bijou trouve ses racinesdans l’enfance. Une partie de ma famille est originaire de la Martinique. Or, aux Antilles, il est de tradition d’offrir dès l’enfance des bijoux en or, généralement en or jaune poli.
Cela étant, c’est bien plus tard, alors que j’étais avocate d’affaires, que l’idée de dessiner mes propres bijoux a germé dans mon esprit. À cette époque, je rêvais de m’offrir un beau bijou ; aussi, j’observais les pièces de joaillerie que portait mon entourage : souvent les mêmes modèles iconiques de maisons renommées. Je recherchais une proposition différente. Il y a une dizaine d’années, lors d’un dîner, je me suis trouvée assise à côté d’un sertisseur et j’ai été fascinée par ce qu’il me racontait de son métier, à la lisière de l’artisanat et de l’art. Il a accepté de réaliser les bijoux que j’avais à l’esprit. Nous avons commencé par fabriquer des bijoux très simples, en métal précieux. Puis, au fil des années, nous y avons ajouté des pierres et mes dessins sont devenus plus complexes. Les possibilités étaient infinies ! J’étais animée par l’idée de porter des pièces uniques, différentes de celles que je croisais régulièrement. Et j’aimais l’idée de ressentir un coup de foudre pour une pierre et d’imaginer pour elle une monture particulière.
À mon retour du Brésil, où j’ai eu la chance de vivre entre 2018 et 2021, je me suis inscrite à différents cours du soir proposés par l’Ecole Boulle à Paris. J’ai suivi un cours de modelage en cire, pour une meilleure appréhension des volumes, et un cours de bijouterie, qui m’a aidée à travailler le métal et mieux comprendre les contraintes techniquesassociées. J’y suis cette année l’enseignement du dessin de bijou et du gouaché. La rencontre d’autres passionnés de bijoux, de pierres et de gemmologie n’a fait que confirmer mon intérêt.
Semper Astra est la suite logique de ce parcours. Ma passion prenait de plus en plus de place et, encouragée par mon entourage et les commentaires enthousiastes que je recevais, il a fallu que je me rende à l’évidence et que je me laisse une chance de partager ma passion avec le monde. Il faut croire que le droit mène à tout !
Pourquoi avoir pris le risque de réaliser des bijoux en or mat alors que le goût des Français penche davantage pour l’or poli et brillant ?
Je suis fascinée par la pureté absolue de l’or et sa simplicité. En France, l’or brillant est plus répandu mais je suppose que mon goût pour l’or mat est une autre manifestation de ma soif de différence !
Dès mes toutes premières créations, il y a une dizaine d’années, l’or jaune mat m’est apparu comme une évidence. J’aime l’idée d’un métal noble mais discret, qui ne soit pas au centre de l’attention et qui se patine et se transforme avec le temps, un peu comme chacun d’entre nous. Lorsque l’or est poli, on est happé par sa couleur flamboyante et il me semble que c’est parfois au détriment des pierres. Avec l’or mat, il se crée un équilibre subtil entre les pierres et le métal.
Parmi les pièces de la collection, cet or jaune mat est travaillé selon des techniques différentes : parfois sablé, parfois satiné à l’aide d’une fraise diamantée. Sur la bague Sculpture No.1, qui représente un buste féminin, le large anneau est sablé pour un aspect velouté qui évoque le grain de la peau.
La joaillerie Semper Astra se distingue aussi par le choix de pierres aux couleurs intenses. Le résultat est un contraste entre la vivacité des teintes des pierres et l’or jaune mat. À l’inverse, lorsqu’il est marié à des diamants bruns, le métal se fond dans les pierres ; le résultat est d’une douceur sans pareille.
Quelles sont les pierres qui vous séduisent ?
Les pierres de cœur sont souvent les premières que l’on acquiert. J’ai choisi et acheté ma première pierre précieuse au Brésil. C’était une émeraude dont l’apparente imperfection, avec son « jardin » étoffé, m’a subjuguée.
J’ai ensuite jeté mon dévolu sur un chrysobéryl, une pierre relativement méconnue, peu utilisée par les grandes maisons de joaillerie (du fait de sa rareté et de sa gamme de couleurs oscillant du jaune au brun en passant par le vert) et que j’apprécie tout particulièrement. J’ai opté pour un chrysobéryl jaune absinthe aux accents fluo, qui n’est pas banal. Pour le mettre en scène, j’ai imaginé une bague simple, d’inspiration Art déco. Je souhaitais que la pierre devienne une toile, encadrée par une ligne de diamants, et qu’elle paraisse comme suspendue, comme pour la laisser respirer.
Aujourd’hui, comme l’illustre la collection, je dirais que mes pierres préférées sont celles aux couleurs intenses ! Une même matière peut recouvrir tant de réalités et de nuances différentes que je ne m’interdis rien. La collection Wavy s’articule ains
Vous semblez avoir déjà trouvé votre signature avec la collection Wavy : comment l’avez-vous imaginée ?
Comme souvent, tout est parti d’une pièce unique que j’ai baptisée Wavy Queen Max. Il s’agit d’une bague bandeau à porter de deux manières, sur son recto ou son verso, au gré de son humeur. De face, elle arbore un rubis framboise opaque (taille poire), flottant sur un lit de sept vagues pavées de plus de 150 saphirs multicolores et de spinelles framboise, dans un dégradé de couleurs évoquant un coucher de soleil. Quand on tourne la bague (notamment pour des raisons de sécurité, dans les transports en commun, ou pour afficher un autre visage du bijou), l’extravagance laisse place à des vagues d’or jaune mat ornées d’un dégradé vertical composé de 7 pierres rappelant le dégradé de couleurs visible de face.
Mon objectif a ensuite été de créer des modèles de série tout en conservant une forme d’exclusivité. Les Wavy Solo No.1 et Wavy Solo No.2, qui sont des anneaux à l’ondulation plusou moins marquée, sont proposés en versions tout or ou pavée avec un total de 16 variantes disponibles et un choix de treize tonalités de gemmes, généralement saturées en couleur : jaune, mauve, orange, pêche, bleu royal, bleu jean’s, blanc
Les bagues ont ensuite ouvert la porte aux bracelets et boucles d’oreilles, tous sertis de diamants blancs ou bruns, saphirs multicolores, spinelles et grenats tsavorite
La boucle d’oreille de la collection Wavy, qui forme un arc épousant le lobe de l’oreille, peut se suffire à elle-même en mono-boucle ou être portée en paire. Elle peut remonter sur le lobe ou être portée pendante.
L’idée de la collection Wavy est de reproduire une ondulation, une vague, un mouvement. J’ai sans doute été influencée par les années que j’ai passées au Brésil, par le Nordeste, ses couleurs, son rythme et sa légèreté chaloupée… J’ai souhaité introduire beaucoup de douceur dans ces courbes qui enrobent et, grâce à l’or jaune mat, en faire des pièces sensuelles.
Les bagues sculptures composent une autre ligne identifiable. Qu’est-ce qui lui a donné naissance ?
Il me semble que c’est le reflet d’un trait de caractère très présent chez moi : je suis naturellement curieuse. Cela a eu un effet immédiat sur la collection : je voulais des pièces plurielles dans lesquelles on vienne piocher au gré de ses envies et humeurs. J’aime l’idée de mondes qui se rencontrent.
Avec la bague intaille, j’ai fait appel à la glyptique, art millénaire, d’une manière revisitée. Une panthère assise, vue de profil, est gravée dans un œil de tigre. Avec ses nuances, la pierre semble reproduire le pelage du félin. Cette pièce est le résultat d’une rencontre extraordinaire, avec l’un des derniers glypticiens encore en exercice qui travaille de manière traditionnelle et non au laser, comme certains le pratiquent aujourd’hui.
J’ai aussi imaginé une bague-bandeau aux allures de sculpture antique, baptisée Sculpture No.1. Elle représente un buste fémin
Vous proposez aussi des créations sur-mesure : quelles différences avec les pièces de la collection ?
Certaines pièces de la collection, dont les Wavy Solo, sont fabriquées en Italie, à Valenza, afin de garantir une qualité constante à des tarifs raisonnables et permettre aux femmes de se faire plaisir.
Les bijoux sur-mesure sont réalisés à Paris car ils nécessitent de nombreux échanges avec les ateliers, qu’il faut aller voir régulièrement.
Parmi les pièces uniques, figure une bague ornée d’un diamant légèrement brun-gris de 2,03 cts. Autour, 47 diamants (pour un total de 1,66 cts) sont logés dans un panier en or gris, oscillant du brun au vert très clair. On ne voit quasiment pas le métal, qui se fond entre les pierres. J’ai tourné autour de ce diamant atypique pendant quelques semaines. C’est une pierre de caractère qui m’obsédait et que j’ai fini par acheter. Puis, j’ai pris mon petit carnet de croquis pour dessiner la bague et la magie a opéré.
Je souhaite conserver cette proposition de pièces uniques et sur-mesure, en accompagnant chaque client(e) dans le choix de ses pierres (à acquérir ou à recycler d’un ancien bijou), le dessin du bijou et sa fabrication. C’est une expérience exceptionnelle qu’il serait dommage de ne pas partager !
Pourquoi avoir choisi un nom en latin pour votre marque ?
Le nom de la marque est l’association de deux mots latins : « semper », qui signifie « toujours » et « astra » qui signifie« les étoiles ». Deux mots dont j’appréciais la sonorité et qui apparaissaient comme un mantra : on peut toujours aller chercher les étoiles et se donner une chance de les atteindre. Ce mantra m’a toujours accompagnée, jusqu’au lancement de cette marque. J’ai choisi de laisser derrière moi une vie professionnelle cadrée pour suivre un rêve. J’ai eu envie decroire en moi et de me laisser une chance. On ne sait jamais ce qui va advenir lorsqu’on se lance dans une nouvelle aventure, mais si je ne l’avais pas fait, c’est une certitude, j’aurais eu un regret.
Propos recueillis par Carine Lœillet
Instagram : @semper.astra
Crédits photographiques :
@semper.astra
Photographie Edito : Écoute Chérie
Photographie des bijoux portés : Écoute Chérie
Photographie Packshots : Anne-Sophie Auclerc
Direction artistique : Joanna Spadiliero
Photos packshot
@semper.astra
Photographie: Anne-Sophie Aucl
Direction artistique: Joanna S
Photos portées
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Direction artistique: Joanna S