Laura Gonzalez vient d’être consacrée Meilleur Designer de l’année 2019 lors du dernier salon Maison & Objet à Villepinte.
Etoile montante du design intérieur, à moins de 40 ans, elle a désormais acquis le statut incontesté de star de la déco. Son parcours est fulgurant.
Elle n’a pas encore fini ses études à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Malaquais qu’on lui confie la rénovation du Bus Palladium, night-club mythique du rock des années soixante. Ce pari risqué se révèle un véritable tremplin pour sa carrière et la propulse tout de suite dans la cour des grands. Son travail plaît beaucoup et impose un style – son style – qui reflète les aspirations et les envies du moment. Comment le définir ? “Eclectique au classique revisité”, c’est ainsi qu’elle-même le décrit. Avec elle, on est loin des styles épurés, du sobre, du noir et blanc. En un mot, on en prend plein la vue. Ses réalisations sont colorées, chamarrées, ressemblent un peu à un bric-à-brac avec des motifs léopard et fleuris, des objets dépareillés…
Elle n’hésite pas à mélanger les styles, les époques, les genres. Le résultat ? Souvent spectaculaire mais surtout joyeux, chaleureux, vivant… Car son talent est d’arriver à rendre harmonieux ce qui pourrait vite devenir juste un affreux capharnaüm. Elle sait doser avec maîtrise ce qui pourrait virer au mauvais goût en le twistant avec juste ce qu’il faut de rigueur pour en faire un tout agréable. Alors oui, cela peut paraître surchargé, “too much”, mais au moins, on est sûr de ne pas s’ennuyer dans les lieux qu’elle transforme. Elle est devenue quasi omniprésente, avec son agence Pravda Arkitect créée en 2008, dans le Paris branché et glamour de 2019.
Le nombre de ses réalisations donne le tournis, 150 en dix ans avouait-elle dans une interview. En vrac, on peut citer l’Alcazar, la Coupole, le restaurant Noto de la salle Pleyel, la boutique Cartier de la place Vendôme, le club Régine, le Standard (brasserie du Palais des Congrès), le Schmuck, la Quincaillerie, le Wood, la Belle
Epoque, le Jules, l’hôtel Relais Christine, la Gare, la Brasserie Auteuil, le Margherita, le Manko, L’Alsace, Le Polpo, le 86 Champs ou encore, tout récemment, le mythique restaurant La Pérouse. Car Laura Gonzalez, si elle revendique un style particulier, sait s’adapter aux lieux pour leur garder leur âme ou leur en redonner une quand ceux-ci l’ont perdue. Elle insuffle un vent de fraîcheur et de gaieté, s’affranchit d’un conformisme étriqué pour laisser exploser une certaine exubérance, une joie de vivre… D’ailleurs, on fait souvent appel à elle pour réveiller de “belles endormies” qui faisaient vibrer les nuits parisiennes.
Cette boulimique de travail, ultra exigeante avec elle-même et les autres ne laisse rien au hasard. Tout est mûrement pensé, réfléchi et cette désinvolture, cet esprit bohème et décontracté qui transpirent dans chacun des endroits où elle intervient
sont le fruit d’une longue maturation. Ceux qui font appel à elle se réjouissent de cette décoration atypique dans un monde où tout se photographie : les lieux revisités par Laura Gonzalez sont hautement instagrammables… et envahissent donc les réseaux sociaux. Bingo.
De projet en projet, Laura Gonzalez, telle une météorite, continue à foncer dans le monde du design. Elle franchit une nouvelle étape et vient de présenter cet automne sa toute première ligne de meubles à son nom. Pourquoi ? Elle expliquait à Maison&Objet en septembre qu’elle dessinait depuis longtemps les meubles qu’elle ne trouvait pas pour ses chantiers. Et de clou en marteau, elle en est venue à imaginer toute une collection. Elle la présente ainsi : “tout se fait sur mesure, on peut choisir la couleur d’une chaise, mélanger à loisirs plusieurs tissus sur une chauffeuse… Les meubles de la “collection” voisineront avec des pièces d’exception que je réalise à quatre mains avec des artisans, et aussi, avec des objets que je chine.” Une nouvelle corde à l’arc de ses talents…
Marie Miller