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L’hôtel Yndo Bordeaux, sous le signe de l’artisanat d’art

L’hôtel Yndo Bordeaux, sous le signe de l’artisanat d’art

Transformé en hôtel 5 étoiles par Agnès Guiot du Doignon, la conceptrice visionnaire des lieux, l’hôtel Yndo de Bordeaux vient d’inaugurer une nouvelle aile.

Dans cet ancien hôtel particulier du XIXe siècle, rue de l’Abbé de l’Epée, au centre de Bordeaux, huit nouvelles chambres et suites complètent les douze premières ouvertes en 2013. Elles sont toutes différentes. Partout, l’agencement des pièces, le mobilier et la décoration ont soigneusement été élaborés par Agnès Guiot du Doignon. La propriétaire de l’hôtel Yndo a fait appel à des designers et artisans d’art de la région, qu’elle met à l’honneur dans tout l’établissement.

Agnès Guiot du Doignon est entrepreneur dans l’âme. Cette autodidacte de l’architecture d’intérieur et du design est née à Arès, dans le Bassin d’Arcachon. Sa première aventure fut l’ouverture d’un restaurant à Agen, avant de gérer deux hôtels à Biarritz, face à l’océan. C’est là-bas qu’elle entend quelques clients évoquer la ville de Bordeaux. En quête permanente de nouveaux projets, elle commence à s’intéresser à l’architecture de la préfecture de la Gironde et chef-lieu de la région Nouvelle-Aquitaine.

En 2007, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) avait inscrit Bordeaux, Port de la lune, sur la liste du patrimoine mondial au titre d’ensemble urbain exceptionnel. Bordeaux compte de nombreux atouts géographiques : sa proximité de l’océan Atlantique, de l’estuaire de la Gironde, du Bassin d’Arcachon, des Landes, du Pays Basque, des Pyrénées Atlantiques et de l’Espagne ; un vignoble indissociable de la ville, qui a donné son nom à l’une des appellations de vins les plus connues au monde ; ou encore, une liaison TGV régulière à deux heures de Paris. Par ailleurs, elle représente une destination touristique internationale, notamment grâce à ses 400 monuments historiques.

Dès sa première visite, Agnès Guiot du Doignon a jeté son dévolu sur un hôtel particulier situé tout près du quartier du triangle d’or bordelais et a tout de suite imaginé le potentiel du lieu. Elle en est devenue propriétaire et s’est lancée à corps perdu dans son aménagement en un hôtel 5 étoiles à taille humaine, qui compterait vingt chambres et suites.

La conception du luxe d’Agnès ne se limite pas à la décoration et au confort, elle comprend aussi un aménagement des chambres avec une identité propre à chacune, un accueil sur mesure, un service de restauration à la demande. En effet, la table de l’hôtel Yndo est réservée aux clients de l’hôtel, principalement le soir. Et il n’est pas exclu qu’Agnès soit elle-même en cuisine, si son chef doit s’absenter. Nous avons goûté la carte du dîner – régionale, de saison, délicate et gourmande – et testé le petit déjeuner, varié et copieux, tout en raffinement.

Conviés à découvrir les nouvelles chambres et suites de l’hôtel Yndo, nous avons visité toutes celles qui n’étaient pas occupées par des clients ce jour-là, avant de passer une nuit dans l’une d’entre elles et d’expérimenter le confort imaginé par la maîtresse des lieux. Son dessein est que chacun s’approprie sa chambre et se sente bien dans l’établissement, comme s’il était accueilli chez des amis. Elle y veille à chaque instant et insuffle partout son tempérament chaleureux. Son concept hôtelier privilégie la convivialité, loin du cadre parfois rigide de certains établissement de luxe. Avec Agnès, rien de tout cela ! Chacun doit se sentir comme à la maison. Pour autant, elle tient à ce que tous les critères de l’accueil 5 étoiles soient respectés, avec une mobilisation du personnel au service de la clientèle, tout en restant discret. Et il ne faut pas plus de quelques heures pour s’approprier les lieux. La seule difficulté réside dans le choix d’une chambre…

Les douze premières, dans le bâtiment principal, avaient déjà mis à l’honneur mobilier de designers et œuvres artistiques ; les nouvelles chambres et suites de l’aile qui vient d’ouvrir ont poussé encore plus loin le concept. « J’ai choisi des artistes et artisans d’art dont les œuvres me touchent et je leur ai demandé de créer du mobilier ou de la décoration pour les parties communes et les chambres de l’hôtel Yndo, explique Agnès Guiot du Doignon. Ainsi, je peux les mettre en relation avec nos clients, qui peuvent s’avérer de potentiels acheteurs. Mais je ne joue pas le rôle d’une galerie d’art et je ne demande rien en échange. C’est ma manière de leur donner un coup de pouce ».

L’un des premiers artistes auxquels elle a fait appel est William Guillon, designer et directeur artistique français basé à Bordeaux, spécialisé dans les luminaires et accessoires de collection. Il a notamment imaginé les luminaires en bronze et porcelaine de la salle à manger de l’hôtel Yndo, dont la hauteur sous plafond lui a permis de s’exprimer librement. Chaque œuvre créée par William Guillon est fabriquée à la main en France. Ce sont des pièces uniques ou numérotées en éditions limitées. Sa matière de prédilection est le bronze coulé et il travaille avec différentes natures de bronze.

Pour la suite numéro 7, l’une des nouvelles suites de l’hôtel Yndo, il a créé des miroirs et un banc en bronze. Ce dernier a nécessité plusieurs centaines d’heures de travail. Pour le processus de fabrication, il commence par élaborer des moules en cire, sur lesquels il intervient à la main avec un outil d’à peine 5 mm pour créer la texture qu’il souhaite. Puis, il fait appel à la technique de la cire perdue pour la remplacer par du bronze, avant d’assembler les pièces et de réaliser les finitions. Depuis le lancement de son studio en 2014, il a été reconnu pour plusieurs collections de sculptures fonctionnelles et travaille également sur des projets sur mesure. Ses œuvres sont exposées et distribuées dans différentes galeries et showrooms à travers le monde.

Dans la cage d’escalier de la nouvelle aile du bâtiment et dans la nouvelle chambre numéro 9, ce sont les artistes de Papier à êtres qui ont imaginé des luminaires sur mesure. Du haut en bas de l’escalier, une vingtaine de boules lumineuses de diamètres différents s’égrènent sur plus de cinq mètres de hauteur. Tandis que dans la chambre, le luminaire est installé à l’horizontale et figure une branche de lumière. Cet atelier de création est spécialisé dans la fabrication de sculptures lumineuses en papier. Le duo de créateurs fabrique une sculpture en amidon de maïs, grâce à l’impression 3D, qu’il recouvre ensuite de pulpe de papier, à partir de chutes papier de lin. Sophie Mouton-Perrat, fondatrice de l’atelier, et Frédéric Guibrunet travaillent le papier depuis 25 ans. Ils se sont rencontrés en 2007 lors d’une exposition consacrée au papier. Quelques mois plus tard, ils imaginent ensemble leur première sculpture lumineuse, « Mademoiselle » : Frédéric réalise la base plissée diffusant la lumière, tandis que Sophie façonne un buste en papier. D’autres modèles suivent, toujours uniques et réalisés en papier de lin blanc. Leur processus créatif est collaboratif : ils imaginent leurs œuvres à partir d’une ébauche ou d’un croquis sur lequel chacun apporte sa touche. Frédéric ajoute une dimension pragmatique tandis que Sophie insuffle une vision plus poétique et illustrative. Cela fait désormais 17 ans qu’ils sont partenaires dans la vie comme dans le travail.

Leurs sculptures lumineuses, signées Papier à êtres®, sont exposées dans de nombreuses galeries et boutiques à travers le monde (Japon, Australie, Moyen-Orient, Europe) et séduisent les designers d’intérieur. Ils ont récemment réalisé des vitrines pour les montres Patek Philippe, à Paris et à Genève ; ou pour Bonpoint, à Paris, New York et Tokyo. Ils ont aussi scénographié l’exposition Babar au Musée des Arts Décoratifs. Du 21 au 25 mai 2025, ils exposeront leurs oeuvres lors du salon Révélations, la biennale internationale des métiers d’arts et de création au Grand Palais.

L’hôtel Yndo fait appel à d’autres artisans d’art : Sylvain Massicot, de l’atelier Syko, propose du mobilier et des agencements autour du bois ; Emmanuel Delayre, de la marque Design&Matières, conçoit des espaces de vie sur mesure ; Agnès Cambus et Manuel Bonnemazou développent un travail autour des plaques décoratives ; Guillaume Percheron, de la Métallerie Bordelaise, crée des ouvrages métalliques ; Paul Silvera, de Silvera, est un spécialiste du mobilier design et d’espaces tertiaires ; Bénédicte Lull, de Belull, conçoit du mobilier design à partir de fibres de carbone upcyclé. Quant à Rebecca Fabulatrice, Agnès l’a chargée d’emballer les chaises des pièces communes et des chambres avec des bretelles de soutien-gorge.

Tout l’hôtel Yndo, des chambres et suites aux pièces communes, est meublé avec raffinement par des réalisations de designers de renom, d’artisans d’art ou d’artistes contemporains. Un séjour dans cet établissement s’apparente à une véritable immersion dans un univers artistique.

L’année dernière, Agnès Guiot du Doignon a aussi eu l’idée de proposer à ses clients de prolonger l’expérience en séjournant au Cap Ferret, dans une ancienne cabane de pêcheurs et un appartement qu’elle a aménagés dans le même esprit que l’hôtel Yndo de Bordeaux (cf notre article du 1er juillet 2024). Et parce qu’elle ne s’arrête jamais d’entreprendre, elle pense déjà à son futur projet : une dizaine de nouvelles chambres, un restaurant, une piscine et un spa verront le jour d’ici à deux ans dans son établissement bordelais.

 

Carine Lœillet

 

yndohotelbordeaux.fr

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